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Nymphéas noirs, par Fred Duval d'après Michel Bussi, Didier Cassegrain, collection Aire libre (Dupuis)

Nymphéas noirs

Scénario : Fred Duval d'après Michel Bussi
Dessins et couleurs : Didier Cassegrain

Dupuis, collection Aire libre

Voir mourir les autres

Dans le village de Giverny, où Claude Monet peignit quelques-unes de ses plus belles toiles, la quiétude est brusquement troublée par un meurtre inexpliqué. Tandis qu'un enquêteur est envoyé sur place pour résoudre l'affaire, trois femmes croisent son parcours. Mais qui, de la fillette passionnée de peinture, de la séduisante institutrice ou de la vieille dame calfeutrée chez elle pour espionner ses voisins, en sait le plus sur ce crime ? D'autant qu'une rumeur court selon laquelle des tableaux d'une immense valeur, au nombre desquels les fameux Nymphéas noirs, auraient été dérobés ou bien perdus.

Après Mourir sur Seine (petit à petit), voici donc une nouvelle adaptation en BD d'un roman de Michel Bussi. Et pas n'importe lequel ! En effet, Nymphéas noirs, cinquième roman de l'auteur, fut le polar français le plus primé en 2011, année de sa publication. Intrigue complexe, personnages nombreux et aura de l'oeuvre, il fallait oser se lancer dans une telle adaptation. Fred Duval a relevé le défi et mène fort habilement sa barque sur les étangs de Giverny. Le scénariste développe son récit et nous y fait très progressivement entrer à partir de la découverte du corps de Jérôme Morval . Cadre historique et géographique oblige, Monet et ses fameux nymphéas -ceux du titre et les autres- s'inscrivent en filigrane des 140 pages de cet album imposant.

Fred Duval respecte la construction très particulière du roman -nous n'en dirons pas plus- qui comme les trois femmes mises en scène, exerce sur le lecteur une vénéneuse séduction. Enquête, témoignages, fausses pistes et, parfois, un indice qui pourrait presque laisser augurer d'une conclusion hors du commun. Mais cet indice, c'est généralement quand on tient la clé de l'histoire qu'on le remarque, rétrospectivement. 

Didier Cassegrain, plus habitué à la SF et à la fantasy sous une déclinaison fort dynamique, aborde ce roman policier plutôt statique de manière délicate. Dessin et couleur sont indissociables dans son approche alors qu'il dévoile une palette qui évoque celle des impressionnistes.Parfois, cependant, lors de longues conversations entre cerrtains protagonistes, on sent qu'il est difficile au dessinateur de se renouveler dans ses angles ou cadrages. Mais peut-on l'en blâmer alors qu'une bonne partie de l'histoire repose sur ces confrontations ?

Comme Michel Bussi, Duval et Cassegrain jouent avec le lecteur, le manipulent et laissent planer le mystère jusqu'à la conclusion, pratiquement insoupçonnable et qui, d'une certaine manière, révèle toute la richesse du récit. Cette adaptation en BD connaîtra-t-elle le même retentissement que le roman original ? On pourrait l'imaginer et le lui souhaiter, car Nymphéas noirs, la BD, fait d'ores et déjà partie de la sélection en lice pour le prix pour le Prix BD Polar qui sera remis à l'occasion du festival Quais du polar qui se déroulera à Lyon du 29 au 31 mars prochains.

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Pierre Burssens

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05/02/2019