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The Black Holes, par Borja Gonzalez (Dargaud)

The Black Holes

Scénario, dessins et couleurs : Borja Gonzalez

Dargaud

Créatrices

De nos jours, Gloria, Laura et Cristina, trois adolescentes, forment un groupe de punk appelé The Black Holes. Attitude, présence, instinct et musicalité, rien ne leur manque !  Mais à peine ont-elles commencé à répéter qu'une étrange présence surgit dans leur présent : une réminiscence aussi puissante que mystérieuse de quelque chose qui s'est passé il y a 160 ans et qui poursuit l'une d'entre elle. Et ce qu'elles ne savent peut-être pas, c'est que le temps est une autoroute à double sens...

Si vous espérez découvrir la vie d'un groupe rock, passez votre chemin...
A ne pas confondre avec le Black Hole de Charles Burns, The Back Holes est, dès le premier coup d'oeil, déstabilisant. En effet, Borja Gonzalez choisit de mettre en scène des personnages sans mains et aux visages dépourvus de traits. Si ses décors sont fouillés, le dessin de ces personnages est, lui, particulièrement épuré. Ajoutons-y une colorisation en aplats qui renforce l'effet "deux dimensions" de l'ensemble, et, du seul point de vue graphique, l'album nous éloigne de standards habituels du neuvième art. Ces choix, pourtant, ne sont pas sans intérêt, et ce qui peut y paraître étrange constitue un écho approprié au récit qui nous est proposé.
 
L'auteur nous conte les histoires et errances parallèles -mais qui finiront par se rejoindre discrètement- de deux groupes d'adolescentes. Les premières vivent à l'époque victorienne, et, parmi elles, Teresa, une aspirante-poétessse s'évade dans son imaginaire à la recherche de l'inspiration. De nos jours, Gloria, qui n'est pas musicienne, rejoint the Black Holes, un groupe punk (?). Elle aussi se réfugie dans son imaginaire, ou dans des endroits dans la forêt fréquentés par Teresa voici bien longtemps. Mais quelle que soit l'époque, Gloria comme Teresa sont peu comprises et victimes des railleries de leurs camarades. 
 
Bénéficiant d'une préface élogieuse de Juan Diaz Canales (scénariste de Blacksad, Corto maltese...), The Black Holes se veut une fable sur la création mais conduit le lecteur désorienté sur des chemins tortueux. Certes, la poésie recherchée est bien présente, mais Borja Gonzalez multiplie les détours, et pas toujours à bon escient. Des chemins qui paraissent bien longs (l'album compte tout de même 128 pages) , avant d'arriver à une sorte de jonction, toute symbolique, entre deux jeunes femmes vivant en des temps différents.
 
Reste l'approche très graphique, audacieuse, qui évoque parfois le théâtre d'ombres. Un album qui sort donc (un peu trop) des sentiers battus et s'adresse clairement aux plus curieux des lecteurs.
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Pierre Burssens
07/02/2019