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Arthus Trivium - Tome 4 : L'armée invisible, par Raule, Juan Luis Landa (Dargaud)

Arthus Trivium

Tome 4 : L'armée invisible

Scénario : Raule
Dessins et couleurs : Juan Luis Landa

Dargaud

Dans les bras du diable

Le fils et les disciples de Nostradamus se sont scindés en deux groupes. D'un côté, Angélique et Angulus enquêtent dans l'atelier du peintre Caron sur la disparition de Gabrielle, une jeune noble. Entrant en transe grâce à ses potions, Angélique parvient à retrouver la trace de la jeune fille. Celle-ci avait été attirée par un groupe de femmes tentant de la rallier à leur cause : s'émanciper de la loi et des hommes.  De l'autre côté, Arthus et César font face aux femmes de Cucuron qui, dirigées et contrôlées par la sorcière Mélusine, ont bien l'intention de venger leurs filles violées et assassinées par des hommes du village.

L'album précédent, La jeune captive, avait ouvert de nombreuses pistes, sans que l'on comprenne toujours ce qui pouvait les relier entre elles. Raule nous éclaire à ce sujet dans ce seconed volet du cycle et fait habilement aboutir les différents arcs narratifs développés. Si ce quatrième tome est peut-être celui de la série dans lequel le fantastique (et même l'horrifique) est le plus présent, on constate, sorti d'une lecture au premier degré, que la thématique qui le sous-tend est, elle, bien réelle et toujours d'actualité. Il s'agit de la condition féminine et des revendications des femmes. En ce sens, certains dialogues, entre Angulus, Angélique et leurs adversaires, notamment, se révèlent -même hors-contexte- fort intéressants. Le recours au personnage de Mélusine, dont l'origine remonte aux mythologies antiques mais qui prit réellement sa place de figure mythique au moyen-âge participe lui aussi à cette thématique.

Raule et Landa signent un album très spectaculaire en exploitant intelligemment leur sujet tout en laissant une large place au suspense et à l'action. En effet, ce sont des pièges redoutables qui semblent se refermer sur les héros, séparés, alors que leur maître Nostradamus se trouve lui-même en péril. Ses enfants adoptifs ne se tireront de ce pétrin qu'après de nombreuses péripéties et -parfois- le recours à la magie. Le scénario dévoile aussi quelqu!es éléments sur l'identité et le passé d'Arthus, et on peut penser que ceux-ci influenceront la suite de ses aventures. Abordée sous cet angle, la série gagne une dimension de quête initiatique pour son héros, ce qui ajoute encore à son intérêt.

Juan Luis Landa restitue fort bien les ambiances très tendues de L'armée invisible. Son dessin frise parfois l'expressionisme tant les images de certains visages sont poussées à leur paroxysme, notamment lors de séquences qui donnent lieu à un déchaînement de violence. A cet égard, une double-page mettant en scène l'intervention de Neptune pourra peut-être secouer les lecteurs les plus sensibles. Mais celle-ci s'inscrit, rappelons-le, dans une série dont l'univers est tout de même fort sombre comme le confirme la conclusion de l'album dans lequel on peut aussi voir un fameux cliffhanger. Mention spéciale au travail de traduction de Geneviève Maubille.

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Pierre Burssens

Dans la même série :

Arthus Trivium - T3: La Jeune Captive, par Raule, Juan Luis Landa Arthus Trivium - T2: , par Raule , Landa Arthus Trivium - T1: Les Anges de Nostradamus, par Raule, Juan Luis Landa

Du même scénariste :

Isabellae - T2: Une Mer de cadavres, par Raule, Isabellae - T4: Sous le tombeau de 500 rois, par Raule, Gabor Isabellae - T3: Filles de Eriu, par Raule, Gabor Isabellae - T5: La Geste des dieux obscurs, par Raule, Gabor

Pour en savoir plus : Le site du dessinateur

21/02/2019