Les enfants de la résistance
Tome 5 : Le pays divisé
Scénario : Vincent Dugomier
Dessins et couleurs : Benoît Ers
Le Lombard
Eurêka
François, Lisa et Eusèbe poursuivent leur combat. Le réseau Lynx a dorénavant pour mission de protéger un pianiste , un espion en charge de l'émetteur-récepteur qui permet à la Résistance locale de communiquer avec Londres.
Plus le conflit avance, plus les Enfants de la Résistance sont appelés à jouer un rôle actif au sein de celle-ci, un rôle dont les conséquences dépassent de plus en plus les limites de leur (joli) village. En accueillant un opérateur radio et en lui assurant, par "agents" interposés, des possibilités d'émettre et de recevoir des messages de Londres dans une -relative- sécurité, les trois amis rassemblés sous le nom du réseau Lynx bravent des dangers toujours plus nombreux. Aux occupants allemands, en effet, s'ajoutent les collabos et finalement la Milice, police politique créée par le gouvernement de Vichy.
Une fois encore, Vincent Dugomier glisse une intrigue palpitante dans un contexte historique finement restitué. En effet, on a eu le temps de s'attacher au trio de jeunes héros lors des 4 épisodes précédents, et la mission dans laquelle ils se lancent cette fois-ci est à haut risque. Le suspense est donc présent tout au long de ce tome. Mais le scénariste, au cours de l'aventure, nous en apprend beaucoup sur cette France occupée, divisée par la ligne de démarcation. De nombreux éléments historiques sont, de plus, détaillés dans l'intéressant dossier qui complète l'album. Mieux, grâce à des messages radios apparaissant dans l'histoire, ces événements français sont resitués dans le contexte international, avec la guerre dans le Pacifique, le débarquement allié en Afrique du Nord et le recul des armées allemandes sur le Front russe.
Lisa, Eusèbe et François, eux, entrent peu à peu dans l'adolescence et d'autres liens que ceux de l'amitié semblent se dessiner entre Eusèbe et Lisa. Il leur arrive aussi de douter, parfois, confrontés à la cruauté de la guerre...
Le dessin de Benoït Ers, sans jamais perdre en efficacité, se pare aussi de beaucopup de délicatesse. On a notamment plaisir à s'attarder sur ses beaux décors qui constituent autant de bulles d'oxygène dans un contexte historique fort sombre. Et même si le dessinateur ne rechigne pas sur les détails (pour les véhicules, civils et militaires, notamment) l'ensemble conserve une remarquable lisibilité renforcée par de fort belles couleurs.
Depuis sa création, la série accomplit un enviable sans-faute. On ne peut que le saluer, d'autant plus en cette période où des relents nauséabonds, notamment d'antisémitisme, semblent de plus en plus perceptibles. Une utile réussite !