On Mars

Tome 2 : Les solitaires

Scénario : Sylvain Runberg
Dessins et couleurs : Grun

Daniel Maghen

La fourmilière

En 2132, la colonisation de Mars est devenue une réalité. Avec l'épuisement des ressources terrestres, c'est aussi et surtout une nécessité. L'avenir du genre humain dépend donc du projet de biosphérisation de la planète rouge, et repose sur une poignée de scientifiques, de quelques milliers de colons déjà implantés et d'une main d'oeuvre qui n'a pas choisi ce voyage sans retour : les prisonniers condamnés à une peine de plus de dix ans de réclusion.  A quelques kilomètres, à l'abri dans des cités sur-protégées, les colons vivent une existence paisible, bien loin des unités carcérales.  Jasmine Stanford, une ex-flic, a été condamnée aux travaux forcés et déportée sur Mars pour avoir tué - par erreur - la fille d'un sénateur. Elle a compris qu'elle ne s'en sortirait pas toute seule et est contraine de rejoindre Xavier Rojas, le chef d'une Nouvelle Église Syncrétique, aussi puissant que dangereux.

La tension monte dans ce deuxième volet de la trilogie de Grun et Runberg. En effet, pour survivre sur Mars dans un univers carcéral impitoyable, Jasmine se résout à rejoindre la secte de Xavier Rojas, que les autorités de la colonie laissent grandir avec une certaine désinvolture. De plus, pour y être accueillie, l'ancienne policière est obligée d'accepter pour tuteurs d'âme ceux-là même qui l'ont agressée... Au dehors du pénitencier, la (sur)vie n'est pas non plus de tout repos. Des gangs de fugitifs se font la guerre alors que Les solitaires combattent pour un idéal de liberté. A l'occasion d'une fête organisée dans le dôme, Jasmine est chargée de coordonner une prise d'otages...

Sylvain Runberg, en précisant ses arcs narratifs, enrichit l'univers découvert dans Un monde nouveau et développe de nombreux personnages. Cette fois, les enjeux sont clairs et le suspense ne fait que s'accroître tout au long des 54 planches que compte l'album. Entre thriller carcéral et space-opera, Les solitaires harponne le lecteur sans aucune difficulté jusqu'au cliffhanger qui laisse (déjà) présager d'un final riche en rebondissements. Comme dans de nombreuses oeuvres de science-fiction, le scénariste nous emmène dans le futur pour mieux s'interroger sur des phénomènes actuels et en dénoncer les excès.

Grun renforce graphiquement la cohérence de cette épopée futuriste. Le dessinateur signe des planches de toute beauté aux cases extrêmement détaillées. Qu'il s'agisse de gros plans particulièrement expressifs ou de scènes de groupes et de décors très travaillés, rien n'y est laissé en retrait ou ne démontre un soupçon de faiblesse. De page en page, on ne peut qu'apprécier une telle qualité, qui participe grandement à l'immersion du lecteur en des lieux pourtant fort peu hospitaliers. Celle-ci justifie à elle seule une relecture de l'album afin d'en apprécier les subtilités.

Plutôt qu'un classique cahier graphique, Les solitaires se voit complété par un bonus exceptionnel de 21 pages, dont on découvre l'origine dans le récit mais qui, en lui-même, constitue presque une histoire se déroulant dans le même univers. Et comme de coutume aux éditions Daniel Maghen, l'attention et le soin portés à la réalisation de l'objet livre sont aussi évidents qu'appréciables.