La véritable histoire vraie

Adolf Hitler

Scénario : Bernard Swysen
Dessins et couleurs : Ptiluc

Dupuis

Ca brûle pas vite, un Führer...

Si la Seconde Guerre mondiale et la Shoah sont bien le point d'orgue du règne d'horreur d'Hitler, l'histoire a commencé bien avant cela. Pour comprendre comment et pourquoi l'indicible a pu se produire, il faut remonter un peu avant la naissance d'Hitler lui-même, au moment où son père adopte ce patronyme. Toute l'enfance d'Adolf Hitler, ses choix, ses échecs vont former un homme complexe et le mener à son terrifiant "combat"...

Le principe de la collection Les méchants de l'Histoire -aujourd'hui rebaptisée La véritable histoire vraie, insistant ainsi sur sa volonté de distanciation des clichés véhiculés au sujet de ces funestes personnages- est en soi, déjà audacieux. En effet, il n'est certainement pas facile de dresser les portraits de que Caligula, Vlad Dracul (dit Dracula) ou Attila, dans une approche historique solide pouvant se conjuguer au média BD. Mais consacrer un album à Adolf Hitler constituait assurément un exercice à haut risque. Bernard Swysen, qui scénarise l'ensemble des albums, et Ptiluc s'y sont attelés et le résultat est surprenant. 

En effet, Swysen entame son récit dès avant la naissance d'Adolf Hitler, exposant une histoire familiale chaotique qui a certainement commencé à conditionner sa personnalité. Vient ensuite l'itinéraire compliqué du gamin, de l'ado, du candidat-peintre refusé à l'Académie de Vienne...  Puis la première guerre mondiale, l'intérêt pour la politique qui s'éveille, déjà marqué par les excès d'une personnalité tourmentée, comme une réponse à ses frustrations et enfin l'inexorable montée en puissance de celui qui allait devenir le Führer. Le scénario de Bernard Swysen nous en apprend beaucoup quant à toute cette période, alors que les grands épisodes de la seconde guerre mondiale nous sont plus connus. 

L'album compte une centaine de pages, et à ce format il était pratiquement impossible de livrer une biographie complète. Ainsi, certaines planches font parfois penser, dans le texte du moins, à une énumération quelque peu fastidieuse. Heureusement, le dessin de Ptiluc et l'humour allègent un peu le propos grâce, notamment, à quelques allusions au monde de la BD (le destin de Milou !), ou autres réflexions cocasses de tel ou tel personnage secondaire. Et puis, comme de coutume avec le dessinateur, la ménagerie mise en scène recèle des "gueules" mémorables, judicieusement appropriées aux rôles qui leurs sont dévolus. On n'imaginait pas rire avec un album consacré à Adolf Hitler, mais son traitement graphique permet, parfois, avec un certain recul, de sourire de cette déclinaison.

Bernard Swysen et Ptiluc concluent leur album sur la nécessité de na pas oublier...  Un message d'autant plus essentiel aujourd'hui, alors que la Shoah semble ne rien signifier pour de beaucoup trop nombreuses personnes et que des relents nauséabonds d'antisémitisme et plus globalement de rejet de l'autre reviennent hanter nos sociétés. Cet album contribue lui aussi, à sa manière, à l'indispensable .