Auracan » chroniques » Détox - Tome 1/2 : Le déni
Détox - Tome 1/2 : Le déni, par Jim, Antonin Gallo, Jim (Grand Angle)

Détox

Tome 1/2 : Le déni

Scénario : Jim
Dessins : Antonin Gallo, Jim
Couleurs : Antonin Gallo

Grand Angle

Attention, fragile !

Mathias vit à 200 à l’heure. Jusqu’à ce que son médecin lui conseille de mettre le pied sur le frein. Sans ça, Mathias risque gros. Il décide alors, suite à un accident, de participer à un stage un peu particulier. Pendant dix jours, pas d’ordinateur, pas de téléphone. La nature à perte de vue. Un séjour pour retrouver ce qu’il est vraiment au fond de lui. Mais avec quoi occupe-t-on son cerveau quand on n’a pas à checker ses mails toutes les dix minutes ? Y a-t-il une vie sans la 4G ? Sans l’urgence, sans le trop-plein de tout qui nous prouve qu’on existe ?

Se retrouver face à face avec soi-même, ne serait-ce pas, pour beaucoup, la pire compagnie qui puisse exister ?  Une interrogation existentielle, parmi d'autres, à laquelle Jim et Antonin Gallo tentent de répondre dans le premier volet de Détox, qui devrait constituer un diptyque. Dès la couverture, on est séduit par les choix graphiques des auteurs. Le beau dessin réaliste donne vie à des personnages dont le physique se détache agréablement de celui des héros de BD, des gens comme on en croise tous les jours dans la rue, à commencer par Matthias, quinquagénaire bedonnant et chef d'entreprise overbooké. Des personnages qui sur papier sont portés par un trait noir traditionnel, alors que la plupart des éléments de décors ont un rendu s'apparentant davantage à la peinture. Et puis il y a cette palette de couleur, allant du gris à l'ocre en de subtils dégradés, suffisant à restituer ambiances et lumières avec beaucoup d'élégance.

Côté scénario, on est d'abord surpris, avec la sensation que Jim accumule les clichés. Le patron hyperactif, la secrétaire pleine de compétences...et tellement sexy ! Puis vient l'accident, une première prise de conscience, et l'histoire de Détox prend un joli tournant. Matthias s'inscrit sur un coup de tête à un stage oscillant entre le new-age et le développement personnel et on assiste à la confrontation de deux mondes, entre l'esclave de son téléphone et les beatniks, comme il les appelle. On sourit beaucoup, avec compassion tout de même pour l'anti-héros de cette aventure en terres inconues. Parce que quelque part on s'interroge, on se demande comment nous, à sa place, on réagirait. 

Et puis, peu à peu, des petites notes sensibles se glissent dans le récit. Souvenirs, nostalgie, et même le maginfique décor d'une maison de grand-mère qui, à lui seul, semble raconter toute une histoire...  Une histoire qui, elle-même, s'inscrit dans une belle histoire. Les auteurs nous font en effet passer, dans Le déni, du rire à l'émotion, de la caricature à la gravité, et tout cela sans heurt, dans une harmonie réussie, en nous faisant partager quelques tranches de vies de personnes plus riches que ne le laissent supposer leurs rôles et les clichés qui y sont associés.

En refermant l'album, on a qu'une envie, en découvrir la suite. Parce qu'on se demande évidemment quelle tournure vont prendre les mésaventures de Matthias, et surtout parce que, même si en début de récit on aurait aimé le détester, on s'est tout de même vraiment attaché à lui !  A savourer sans tarder, en extérieur si possible, en tous cas loin de l'ordi et téléphone ! 

Partager sur FacebookPartager
Pierre Burssens
12/04/2019