Les Mentors
Tome 1 : Ana
Scénario : Zidrou
Dessins et couleurs : Francis Porcel
Grand Angle
Maternité menacée
Ils lui ont volé son bébé... Un commando armé. Des professionnels. Son bébé !... Elle venait à peine de le mettre au monde. Cela fait bientôt vingt ans qu'Ana cherche à comprendre. Qui ?... Pourquoi ?... Vingt ans qu'elle cherche un indice, aussi infime soit-il. Vingt ans !
Pour sa nouvelle collaboration, le duo constitué du prolifique Zidrou et de Francis Porcel (Les Folies Bergère, Bouffon, Chevalier Brayard) regagne l'époque contemporaine pour un thriller pour le moins déconcertant. En effet, il met en scène la rencontre de deux femmes, Ana, dont on a enlevé le bébé voici 20 ans, et Joye, une escort-girl poursuivie par un employeur particulièrement cruel. Tout semble les séparer. Pourtant, après bien des hésitations et récriminations, Joy va rejoindre Ana dans sa quête désespérée. Celle de retrouver son bébé, enlevé dans son ventre alors qu'elle était en train d'accoucher voici...20 ans. Découragée par le peu d'intérêt que son histoire semble avoir suscité auprès de la police, Ana a poursuivi ses recherches entourée d'un impressionnant matériel informatique et d'un réseau de contacts internationaux, parmi lesquels une agence de détectives...
Le scénario de Zidrou parvient à trouver un équilibre délicat entre un enlèvement spectaculaire aux sanglants dommages collatéraux mené par un commando héliporté et la dimension plus intime de l'histoire de ces deux femmes, lui assurant un côté humain parfois touchant. Le point de départ de l'histoire est extrêmement sombre, pourtant l'auteur parvient à insuffler dans son récit des notes d'humour doux-amer qui font mouche, notamment à travers ses dialogues. Autant de pièces d'un puzzle qui paraissent dissemblables et qui pourtant, aboutissent à une histoire rapidement captivante. Les auteurs situent l'action de ce tome 1 des Mentors en Espagne, pays de Francis Porcel et pays adoptif de Benoît Drousie, mais nombre de décors et de personnages pitorresques évoquent irrésistiblement, à leur manière, une Amérique profonde fertile en romans noirs.
Porcel adopte un trait davantage réaliste que dans ses précédents albums et donne vie, avec Ana et Joye, à des personnages vite attachants. Le résultat est efficace et correspond bien à ce type de récit. Peut-être pourra-t-on chicaner sur certains encrages qui semblent trop lourds, notamment dans les ombrés, et amènent parfois des contrastes violents d'une planche à l'autre. Mais ce bémol est toutefois insuffisant pour gâcher le plaisir de la lecture de ce tome inaugural et les interrogations qu'il suscite.
Car, comme l'on dit, les auteurs en gardent sous la semelle et on pressent que nous ne sommes pas au bout de nos surprises...comme le démontre la scène finale, cliffhanger pour le moins imprévu, qui semble encore entraîner le récit dans une nouvelle direction. Intrigant !