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Aiôn, par Ludovic Rio (Dargaud)

Aiôn

Scénario et dessins : Ludovic Rio
Couleurs : Christian Lerolle

Dargaud

Le raccourci

Quand son vaisseau intercepte un message de détresse, Lexi Néel voyage déjà depuis plusieurs années à travers la galaxie, dans le système d'Alpha-Centaur, à une distance de 4,2 années-lumière de la Terre. Une procédure de réveil est enclenchée, réveillant Lexi. L'humanoïde chargé de veiller sur elle lui explique que le signal provient d'une colonie scientifique qui étudie certaines particularités de l'espace-temps. Ce centre de recherche est situé sur la petite planète Aiôn, proche du vaisseau. Le protocole prévoit que le vaisseau doit porter secours à la colonie...

Deux humains, deux androïdes... Il ne faut pas davantage de protagonistes à Ludovic Rio pour signer avec Aiôn un roman graphique de SF captivant. Alors que les voyages spatiaux évoquent généralement l'immensité et des distances difficilement imaginables, c'est à un étrange huis-clos que nous sommes ici conviés. Un huis-clos de plus en plus inquiétant et dont la finalité apparaît progressivenment au cours de la lecture. Certes, le thème principal d'Aiôn constitue un classique parmi les sujets abordés par la science-fiction, a donné lieu à bien des romans et des nouvelles du genre, mais la manière dont l'auteur l'aborde se révèle originale et intéressante. Quant aux androïdes mis en scène, particulièrement Maxine, ils évoqueront immanquablement auprès des amateurs les célébrissimes Robots d'Isaac Asimov. 

Dès les premières planches, on est intrigué par ce qui arrive à Lexi et les questionnements auxquels elle est confrontée. On s'attache d'autant plus rapidement à ce personnage dont on découvre quelques bribes du passé car il est, finalement, le seul à manifester des sentiments au long de cette étrange aventure. Le scénario réserve quelques belles surprises et laisse au final entrevoir à certains personnages, dont son héroïne, un espoir de liberté retrouvée.

Le dessin de Ludovic Rio, extrêmement lisible, séduit dès les premières cases et participe pleinement à l'adhésion du lecteur. Quelques légères erreurs de proportions subsistent ça et là, mais l'auteur réalise ici son premier véritable album de BD, comprenant, qui plus est, 130 pages ! Côté couleurs, Christian Lerolle privilégie une palette limitée, aux nuances relativement froides qui correspond bien à l'atmosphère de l'histoire.

Aiôn nous fait découvrir un auteur qui méritera sans le moindre doute d'être suivi. L'album inaugure chez Dargaud sous l'intitulé Visions du Futur, une série de six récits de SF qui placent  l'homme et son avenir au centre de leurs thématiques. Leur publication s'étalera d'août à octobre. Gageons qu'ils seront d'une qualité similaire à cette très belle entrée en matière.

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Pierre Burssens
27/05/2019