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Louisiana, la couleur du sang - Tome 1/3, par Léa Chrétien, Gontran Toussaint (Dargaud)

Louisiana, la couleur du sang

Tome 1/3

Scénario : Léa Chrétien
Dessins : Gontran Toussaint
Couleurs : Léa Chrétien

Dargaud

Le poids du passé

Nouvelle-Orléans, 1961. Louise Soral, descendante d'une famille de planteurs louisianais, est désormais une vieille femme au crépuscule de sa vie. Questionnée par ses petites filles qui veulent en savoir plus sur la vie dans les plantations d'autrefois, elle réalise que l'histoire de sa famille disparaîtra si elle ne trouve pas le courage de leur faire ce douloureux récit. Avec la complicité de sa bonne, une femme de couleur, Louise décide de mettre par écrit les souvenirs et les secrets les plus sombres de sa famille dans le sud des Etats-Unis. Dernier témoin d'une époque révolue, ses mémoires parcourent près d'un siècle d'Histoire dans ces plantations au milieu d'une société misogyne, raciste et violente.

Ce premier tome du triptyque Louisiana, la couleur du sang ne pouvait sans doute mieux commencer que par une citation du célébrissime Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell. En effet, c'est l'histoire d'une plantation dans le Sud esclavagiste que Léa Chrétien et Gontran Toussaint se proposent de nous conter sous la forme d'un long flash-back qui débute en 1805. Chronique historique et familiale, le romantisme incarné à l'écran par Vivien Leigh et Clark Gable en est toutefois absent. En effet, la tragédie domine dans ce récit centré sur des personnages féminins évoluant dans un contexte dans lequel la femme est à peine mieux traitée que les esclaves chargés d'entretenir et récolter la canne à sucre.

Laurette et sa fille Joséphine, compatissantes envers ces derniers, vont ainsi se trouver exposées à la violence d'un mari et d'un frère et devoir tout mettre en oeuvre pour se protéger dans une propriété à la réputation maudite. Le scénario introduit dans le récit un léger élément fantastique, avec le recours au vaudou et l'intervention de Marie Laveau, personnage historique, prêtresse vaudou réputée de la Nouvelle Orléans.

L'histoire est donc sombre et cruelle, et justifie amplement le besoin pour Louise, lors de la première scène, de confier par écrit ces secrets. Le scénario est bien construit, de manière assez classique, et constitue in fine un lourd huis-clos se déroulant dans la plantation. Gontran Toussaint le porte en image via un trait réaliste influencé par Giraud. Le découpage est efficace et nous procure quelques scènes fort impressionnantes. L'apport des couleurs retranscrit bien la lourdeur du climat...et de l'ambiance. Et tout indique que la suite, à l'approche de la Guerre de Sécession, n'y sera guère plus souriante...

De facture classique, ce premier volet de Louisiana, la couleur du sang séduira les amateurs de ce type de récit tout en portant un regard différent sur ce que pouvait être la vie dans le Sud en cette période. Intéressant...


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Pierre Burssens
04/09/2019