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Le jardin de Daubigny, par Bruno De Roover, Luc Cromheecke (Anspach)

Le jardin de Daubigny

Scénario : Bruno De Roover
Dessins et couleurs : Luc Cromheecke

Anspach

Joyeux précurseur

Charles-François Daubigny (1817-1878) a été l'un des premiers artistes à ne pas se cantonner dans son atelier. Il préférait travailler en plein air, descendant la Seine à bord de son bateau. Dans la nature, le peintre doit se presser, car le paysage qu'il a sous les yeix change constamment. Ses tableaux sont donc des instantanés de scènes fugaces...qui amenèrent les critiques d'art de l'époque à des appréciations sévères. Malgré celles-ci, Daubigny allait devenir l'un des précurseurs du mouvement impressionniste, et Van Gogh, qui appréciait énormément son oeuvre, a peint son jardin à plusieurs reprises. C'est le titre d'une de ses toiles (1890) que les auteurs ont choisi d'utiliser pour l'album.

En attendant Léopoldville 60 (pévu le mois prochain), suite de Sourire 58 qui avait marqué le démarrage encourageant de la jeune maison d'édition bruxelloise, les éditions Anspach se diversifient en nous proposant cet agréable Jardin de Daubigny, adaptation francophone d'un album initialement publié en 2016 en Flandre. On ne s'attendait pas forcément à voir le dessin rigolo de Luc Cromheecke (Tom Carbone...) ilustrer le biopic d'un peintre, et pourtant le Jardin de Daubigny réserve une heureuse surprise.

En effet, plutôt qu'un récit linéaire, Bruno De Roover a choisi de structurer son scénario en dix chapitres, dix tableaux disposés chronologiquement qui sont autant d'épisodes petits ou grands de la vie de Charles-François Daubigny.

Si Van Gogh a peint son jardin, on peut imaginer que celui à qui est consacré cet album considérait, lui, de manière beaucoup plus large, la nature comme son jardin. Certains de ces chapitres relèvent presque de l'anecdote cocasse mais participent au portrait d'un peintre enthousiaste et passionné pour lequel plusieurs fois, comme on le découvre, le hasard fit bien les choses. 

L'humour est donc bien présent, et Luc Cromheecke s'y sent comme un poisson dans l'eau, donnant corps à des personnages sympathiques et amusants. Dès les premières pages, alors qu'à Auvers-sur-Oise Van Gogh vient livrer au Docteur Gachet son célèbre portrait, le lecteur se trouve doucement immergé dans une époque et dans une fort belle page de l'histoire de l'Art. Van Gogh s'intéresse à Daubigny et le médecin répond à ses questions. Bruno De Roover s'est basé sur des lettres que le peintre, en voyage, écrivait à son épouse et à ses amis -parmi lesquels certains noms nous sont peut-être davantage familiers que celui de Daubigny- pour nous décrire un artiste joyeux et épicurien. Par moments, en naviguant sur son botinpeut-être devait-il ressentir la vie comme un long fleuve tranquille...

Un dossier documentaire d'une dizaine de pages, rédigé par Agnès Saulnier, responsable du Musée Daubigny à Auvers-sur-Oise, complète ce bel album qui ne peut que donner envie de (re)découvrir l'oeuvre de l'artiste. Mention spéciale à la très jolie couverture qui nous invite à suivre le peintre.

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Pierre Burssens

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23/09/2019