
Forté
Scénario : Manon Heugel
Dessins : Kim Consigny
Couleurs : Anne-Sophie Dumeige
Dargaud
Plus vite que la musique
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Flavia, une jeune Brésilienne de la favela de Belém, découvre le piano après la mort tragique de son père quand elle n'a que 6 ans. Extrêmement douée et passionnée, la jeune fille gagne une bourse pour étudier à la prestigieuse École Normale de Musique de Paris. Flavia est un véritable bourreau de travail, mue par la farouche volonté de s'en sortir. Mais ce qu'elle doit encore apprendre, c'est que devenir une artiste est avant tout une affaire de coeur...
Quitter une favela pour étudier la musique en France et devenir une concertiste, voilà qui pourrait ressembler à un conte de fée. Pourtant les choses s'avèrent beaucoup plus compliquées -car plus réalistes- pour Flavia, l'héroïne de ce solide (208 pages) roman graphique de Manon Heugel et Kim Consigny. En effet, le parcours de la petite fille tombée amoureuse du piano et de la musique va parfois ressembler à un parcours du combattant. Débarquée, innocente, sur un continent et dans un univers qu'elle ne connaît pas, Flavia va être confontée aux exigences de son apprentissage, à celles de ses professeurs qu'elle a parfois du mal à comprendre, aux attaques quant à ses origines sociales, au manque d'argent, aux coups bas d'une condisciple et à de multiples tiraillements et déceptions qui s'amplifient encore quand l'amour s'en mêle. Et si happy end il y a, elle intervient après bien des obstacles à surmonter.
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Les autrices nous retracent cet itinéraire avec beaucoup de sensibilité en nous offrant au passage une héroïne attachante et un joli portrait de jeune femme. Flavia ne se détache jamais de ses origines tout en devant s'immerger dans un milieu fort différent, avec ses difficultés et ses désillusions. Pourtant la jeune fille reste portée par sa passion, même lors de moments de découragement. Et puis il y a l'amitié, et c'est finalement un petit groupe d'élèves de l'École Normale de Musique de Paris que l'on suit dans la deuxième partie de l'album. La prestigieuse institution a d'ailleurs ouvert ses portes à Manon Heugel et Kim Consigny, ce qui permet peut-être au récit de sonner plus juste encore.
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Le scénario de Manon Heugel se développe fort progressivement, ce qui lui permet d'aborder et de conjuguer simultanément différents aspects du parcours de Flavia sans jamais précipiter l'action. Le dessin de Kim Consigny est assurément dans l'air du temps mais ne manque pas de délicatesse et s'accorde fort bien à cette belle histoire porteuse d'espoir, à savourer en écoutant -pour les plus mélomanes des lecteurs- une oeuvre de Frédéric Chopin.