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Notre part des ténèbres, par Gérard Mordillat, Eric Liberge (Les arènes bd)

Notre part des ténèbres

Scénario : Gérard Mordillat
Dessins et couleurs : Eric Liberge

Les arènes bd

Quand l’énergie du désespoir mène à toutes les extrémités…

Adapté de son roman éponyme, le scénariste Gérard Mordillat relate un drame de la révolte sociale. Un de ces drames, hélas, vécu par bon nombre de salariés depuis quelques années, sous le joug des fonds spéculatifs qui ne cherchent qu’à rentabiliser leurs investissements, quitte à faire se retrouver sur la paille la main d’œuvre dont on fait peu cas, et à détruire la vie des salariés et de toutes leurs familles.

Milan, employé de Mondial Laser fait partie du lot des laissés-pour-compte, tout juste bon à pointer au chômage, après bon nombre d’années de bons et loyaux services. Mais le drame de Milan ne s’arrête pas là : son fils employé stagiaire est également renvoyé comme un malpropre et ne l’a pas supporté au point de mettre fin à ses jours. 

Vengeance ! Milan n’a que ça en tête et l’opportunité de frapper un grand coup contre ces actionnaires va voir le jour à l’occasion d’une croisière organisée sur le Nausicaa pour la nuit de la Saint-Sylvestre.Prendre les commandes du bateau, en compagnie de ses collègues, va s’avérer des plus simples car c’était sur ce projet que travaillait le fils de Milan. La fête sera alors vite gâchée lorsque les convives, comprenant notamment des pontes et des membres du gouvernement, apprendront que le bateau est miné et que la détermination des ex-employés s’avère des plus fortes. Quelle angoisse ! Jusqu’où les preneurs d’otage iront-ils ? Les autorités vont-elles pouvoir enrayer cette machination diabolique ?

Ces questions vont trouver leurs réponses tout au long des 96 pages d’un album haletant.

Gérard Mordillat dépeint avec cynisme notamment la couardise et l’égoïsme de dirigeants d’entreprise et membres du gouvernement, prêts à tout eux aussi, pour sauver leur peau. Le suspense est bien ménagé et sur fond de remake du Titanic, et le lecteur suivra avec intérêt la partie de poker menteur qui se développe entre les actionnaires et les ex-salariés, mais également chacuns entre eux.

Grâce à une remarquable mise en scène par le dessin hyperréaliste du dessinateur Eric Liberge, le lecteur va vite se prendre au jeu. On ajoutera des couleurs particulièrement sombres, renforçant encore un peu plus le côté anxiogène de l’opus.

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Bernard Launois

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07/10/2019