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Les deux vies de Pénélope, par Judith Vanistendael (Le Lombard)

Les deux vies de Pénélope

Scénario, dessins et couleurs : Judith Vanistendael

Le Lombard

Ecartelée

Je m'appelle Pénélope. Mais je n'attends pas. Je ne tisse pas. Je sauve des vies.
Chirurgienne pour une organisation humanitaire, Pénélope passe la plupart de son temps en mission dans des pays en guerre. Quand elle revient chez elle, elle retrouve un mari aimant, une fille adorable et un foyer rassurant. Et pourtant ces retours à la maison lui sont de plus en plus pesants.

Après La jeune fille et le nègre, David, les femmes et la mort et Salto, Judith Vanistendael vient de signer son quatrième opus.

Comment raccorder deux vies ? L'une se trouve dans la guerre, à Alep fin 2015, l'autre à Bruxelles avec un mari poète, aimant et compréhensif. Sa fille, cela fait quatre ans qu'elle ne l'a pas revue et dans une semaine elle aura dix-huit ans.

Pénélope est cette femme et elle ne sera pas là. Elle est médecin et soigne les enfants victimes de la guerre en Syrie. D'Alep, elle n'est pas revenue seule. Le fantôme d'une petite fille l'accompagne partout. Comment s'adapter à une existence aussi sécurisante quand on a risqué sa vie pendant plusieurs années. Toute sa famille s'inquiète pour Pénélope. Sa fille qui ne la comprend pas. Elle a besoin d'elle. Sa sœur non plus. Elle avoue à Pénélope que son mari la trompe et qu'elle fait le choix de rester avec lui pour les enfants. Ce qui met Pénélope en colère. Dispute entre sœurs. Ce n'est pas la première fois. Pénélope a réfléchi. Elle repart mais ramène le petit fantôme avec elle.

Cet opus est plus que conseillé. Traitant des problèmes actuels, Judith Vanistendael nous montre que la guerre et l'humanité ne quittent pas notre esprit quand nous devenons témoins de l'enfance sacrifiée. Pénélope ne se sent utile que dans les pays en guerre. C'est cette raison qui la pousse à repartir. L'inutilité ressentie à Bruxelles la déconcerte.
 
Judith Vanistendael a su mettre le doigt sur l'un des problèmes du siècle: Faire ce que l'on aime et ce que l'on veut. Là où on se sent le mieux.
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Nathalie Gallène
09/10/2019