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Le château des animaux - Tome 1 : Miss Bengalore, par Xavier Dorison, Félix Delep (Casterman)

Le château des animaux

Tome 1 : Miss Bengalore

Scénario : Xavier Dorison
Dessins : Félix Delep
Couleurs : Jessica Bodard

Casterman

Despotisme sans espoir ?

Les hommes ont quitté depuis fort longtemps le château et ont été rapidement remplacés par les animaux pour leur plus grand plaisir de ces derniers. Hélas, ce que tous les animaux ont pris pour une victoire va rapidement se transformer en cauchemar pour quasiment tous, hormis quelques despotes qui ont décidé de faire régner la terreur. Exploiter ses congénères en les terrorisant, n’est-ce pas une triste méthode déjà bien rôdée et adaptée par bon nombre de tyrans ?

Comme l’indique le scénariste  Xavier Dorison, si l’excellente fable animalière de Georges Orwell, La Ferme des animaux, met en exergue le processus de confiscation des idéaux démocratiques par des dictateurs sanguinaires , sa vision reste irrémédiablement sans avenir. Peut-être existe-t-il une lueur d’espoir pour une rémission ?

C’est assurément avec une ténacité et une volonté de fer que la néanmoins timide chatte Miss Bengalore va s’employer, avec l’aide de quelques amis, lapin et rat, à tenter de renverser dans la douceur et la dérision le pouvoir de ce diable de président Sylvio, taureau de son état, et de ses sbires de chiens. Seulement, le chemin est semé d’embûches et les soi-disant amis se rallient au pouvoir, de peur d’être attachés au poteau d’exécution. Vont-ils réussir l’impossible, renverser le pouvoir ?

Xavier Dorison livre là une histoire bien singulière, peuplée d’animaux souvent plus humains que le commun des mortels, et qui va assurément faire réfléchir le lecteur et lui rappeler que le despotisme ne date pas, hélas, d’hier et qu’il est encore bien présent dans bon nombre de pays. Des dialogues percutants, souvent drôles alors que les situations ne s’y prêtent pas forcément, entraînent le lecteur dans une aventure qui ne laissera pas indifférent. Avec le premier opus d’une série qui en comptera quatre, Xavier Dorison plante bien le décor d’une barbare autocratie que bon nombre d’animaux ne se sont pas encore résignés à subir ad vitam aeterman.

Avec un scénario pareil, le dessinateur Félix Delep ne pouvait être en reste et nous gratifie d’un splendide dessin animalier, que beaucoup de ses collègues rêveraient de pouvoir exécuter avec autant de talent. Les animaux sont plus vrais que nature et leurs expressions et mimiques dignes de productions de dessins animés.

Enfin, on attribuera une mention particulière à la coloriste Jessica Bodard qui met bien en valeur le dessin de Félix Delep.

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Bernard Launois
11/10/2019