Une aventure du Lieutenant Blueberry

Tome 1 : Amertume apache

Scénario : Christophe Blain, Joann Sfar
Dessins : Christophe Blain
Couleurs : Christophe Blain et Clémence Sapin

Dargaud

Le Lieutenant dégradé

Alors qu'il patrouille aux abords d'une réserve indienne, le lieutenant Blueberry assiste au meurtre de deux femmes de la tribu apache tuées par trois jeunes Blancs. Les deux victimes sont la femme et la fille d'un guerrier, Amertume : un double meurtre qui risque d'embraser la région en déclenchant une nouvelle guerre...

Ce n'est pas la première fois qu'un classique de la BD donne lieu à une forme de reprise ou d'hommage réalisé par des auteurs a priori assez éloignés de son univers. Ce principe, appliqué à Spirou, fait même l'objet d'une série chez Dupuis qui, depuis quelques mois déjà, tease aussi copieusement une reprise de Tif et Tondu par Blutch et Robber attendue pour cette fin janvier.  Le Blueberry de Christophe Blain, épaulé au scénario par Joann Sfar clôturait lui l'année 2019 chez Dargaud en soulevant beaucoup de curiosité. 

Il faut assurément oser s'attaquer à un monument tel que celui créé par Jean Giraud et Jean-Michel Charlier et Christophe Blain a consacré deux ans à la réalisation d'Amertume apache. Graphiquement, le dessinateur tente de se rapprocher du trait de Giraud sans vraiment chercher à l'imiter. La base du scénario est classique mais ses auteurs essayent d'en moderniser les ingrédients en livrant un récit sombre et particulièrement cruel. Du côté des dialogues aussi, on actualise mais...pas toujours à bon escient.

Hélas, parallèlement à l'intrigue principale, Blain et Sfar multiplient d'autres arcs narratifs moins captivants, qui frisent parfois la disgression et diluent peu à peu l'action.

A la distribution, on relève nombre de clins d'oeil à la BD et au cinéma. Parmi ceux-ci, un soldat nommé Chesterfield et en guest stars des rôles attribués à Brigitte Bardot, Claudia Cardinale et Woody Strode. Mais n'oublions pas qu'a sa création, l'apparence de Blueberry avait elle-même été inspirée par le jeune Jean-Paul Belmondo. Des éléments qui ne suffisent pas à relever une sauce qui ne prend jamais vraiment.

En refermant l'album c'est une impression de fourre-tout qui subsiste quant à cette curiosité décevante. 46 planches auraient suffi à mener un récit solide plutôt que les 62 que comporte Amertume apache. Une suite, intitulée Les hommes de non-justice est d'ores et déjà annoncée...