Le triskel volé

Scénario, dessins et couleurs : Miguelanxo Prado

Casterman

Le pacte rompu

Un jeune étudiant met la main sur l’étonnant journal d’un chercheur ayant découvert semble-t-il la résurgence d’un ordre ancien peuplé d’anges et de démons. Sa clef ? Un talisman celtique, gravé d’un trisquel ! Commence une quête baroque semée d’embûches, entre bibliothèques universitaires, arrière-salles de magasins d’antiquités et vieilles villas endormies.

Il aurait pu s'agir d'un ixième thriller ésotérique, très à mode en littérature depuis le succès d'un certain Da Vinci code, mais c'est plutôt vers un conte, certes parfois inquiétant, que nous conduit la piste de ce Triskel volé. En effet, après l'apparition de symboles runiques découverts par ses neveux sur les chênes d'une forêt , Arthur Rego est mis en contact avec les  notes pour le moins surprenantes d'un chercheur.

Celles-ci s'articulent notamment autour du triskel qui donne son titre à l'album. Un artefact qui éveille l'intérêt de pas mal de monde. D'une part des individus avides d'argent et de pouvoir, ce qui apporte un côté polar à cette aventure, mais aussi les purs et les démons, créatures du monde magique qui vivaient autrefois en harmonie avec les humains, selon un pacte aujourd'hui rompu...

Miguelanxo Prado conjugue ces éléments a priori hétéroclites assez habilement pour signer un récit captivant qui peut se lire à plusieurs niveaux. En effet, Arthur se retrouve aux prises avec de dangereux personnages, notamment acteurs d'un réseau de contrebande archéologique.

Mais quand le fantastique surgit au gré des pages, c'est aussi pour rappeler au lecteur le non respect de Gaïa par les hommes, leur traîtrise, la surexploitation des ressources naturelles et les inégalités qui en découlent. Les magiques sont dépassés par ce qu'est devenue la Terre. Et l'auteur nous amène presque à avoir pité de Xamaïn, un démon désabusé...aux projets éco-terroristes afin de rendre au monde son équilibre passé.

Au dessin, Prado reste fidèle à son style qui privilégie notamment l'expressivité de ses personnages très typés. L'auteur donne vie à des magiques attachants. Il réalise, en outre, un superbe travail en couleurs directes. Si la thématique choisie peut en surprendre certains venant d'un auteur espagnol, rappelons que Miguelanxo Prado est originaire de Galice, et que la Galice et les Asturies furent des terres celtes qui conservent des vestiges matériels et des traces, dans leur Culture, de cette lointaine période.