L'oiseau rare
Tome 1/2 : Eugénie
Scénario : Cédric Simon et Eric Stalner
Dessins : Eric Stalner
Couleurs : Florence Fantini
Grand Angle
Sortir de la Zone
Fin XIXème, un immense bidonville entoure Paris : La Zone. Là, vivent Eugénie et la bande qui lui tient lieu de famille. Cinq personnes unies par des liens très forts au milieu des déshérités de tous bords chassés de la ville par la spéculation immobilière. Pour réaliser son rêve, reconstruire L’Oiseau rare , le cabaret de son grand-père, Eugénie est prête à tout. Vols, filouteries, chantages sont leurs activités quotidiennes. Mais les combines de plus en plus risquées mettent en péril le petit groupe. C’est alors qu’Eugénie fait une rencontre déterminante : Sarah Bernhardt…
Eugénie aurait presque pu naître sur scène... Mais pour une petite fille qui rêve de théâtre, la Zone, immense bidonville ceinturant Paris, n'a rien d'un tremplin artistique. Alors Eugénie rêve de Sarah Bernhardt et se débroouille comme elle peu avec sa bande, combine après combine, dans la solidarité des plus pauvres mais dans un contexte périlleux.
Après Exilium (Glénat) et l'adaptation de La curée de Zola (Les Arènes BD), Cédric Simon et Eric Stalner redonnent vie, à travers le destin d'Eugénie, à cette Zone aujourd'hui oubliée, née de l'expansion démographique, de la révolution industrielle et des grands travaux d'urbanisme d'Hausmann.
Y vivent des gens de rien, perdants de la lutte des classes, installés dans des roulottes, des tentes ou des petites maisons construites en matériaux récupérés. C'est une image, une photographie d'Eugène Atget qui a servi de point de départ aux auteurs pour construire cette histoire, et c'est cette même image qui en constitue la première case, permettant au lecteur de faire connaissance avec la jeune héroïne.
Cédric Simon et Eric Stalner prennent le temps de nous promener dans cette Zone qui a des airs d'univers parallèle au Paris bourgeois, de nous faire découvrir ses habitants pittoresques et surtout de nous livrer les éléments du passé d'Eugénie. L'histoire, romanesque, se construit lentement, au gré d'une lecture fort agréable qui permet de nous attarder sur les belles planches d'Eric Stalner. Son trait réaliste classique et élégant se prête -avec une même réussite- à la Zone comme à une grande soirée de théâtre avec Sarah Bernhardt, mis en valeur par la palette harmonieuse de Florence Fantini.
Ce premier tome de L'oiseau rare ne propose ni grands rebondissements, ni suspense insoutenable, ni effets spectaculaires... Mais ça ne nous empêche pas d'y découvrir une bonne histoire distillée avec talent. Un bel album !