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Family life, par Jacques Louis (Dupuis)

Family life

Scénario, dessins et couleurs : Jacques Louis

Dupuis

Chef de famille ?

Y'a rien de plus bordélique que d'écrire un livre : on bosse toute la journée, on est mal payé, incompris, on doit gérer le quotidien tout en réfléchissant à s'en perforer le cerveau du matin au soir. C'est le drame pour la vie sociale. Laissez-moi vous raconter...
Ainsi commence cette chronique d'un trentenaire, jeune père de famille, qui n'arrive plus à exercer son métier (d'auteur de bande dessinée) après le décès d'un être proche. Les pages oscillent d'une chronique familiale humoristique à des thèmes plus graves...

On avait découvert Jacques Louis voici huit ans déjà avec Le chômeur et sa belle (Dupuis) partiellement autobiographique, et c'est avec beaucoup de plaisir qu'on le retrouve aujourd'hui dans Family Life.

Comme l'indique son titre, ce beau petit album au format à l'italienne nous propose une chronique familiale dont le principal protagoniste, papa de deux filles, auteur de BD, est en recherche d'inspiration. Malgré les doutes qui le rongent, autour de lui et presqu'à son étonnement, la vie continue ! Les gamines ne sont pas des plus simples à gérer, la vie de couple en prend un coup et, comme on le devine très progressivement, en filigrane, un drame personnel empêche inconsciemment notre anti-héros de reprendre le dessus. 

Pourtant, du côté du lecteur, c'est souvent le sourire qui l'emporte, tant l'auteur nous rappelle certains souvenirs ou nous amène  inconsciemment à nous substituer aux personnages. Toute vie à ses hauts et ses bas, et même toute journée ! Jacques Louis dose très habilement ses ingrédients pour dresser un tableau de cette Family life tantôt joyeux, tantôt doux-amer. Et il n'en faudrait pas beaucoup plus pour qu'il nous fasse, littéralement, passer du rire aux larmes. A cet égard, les dix dernières pages, constituent un formidable apaisement dans lequel tous les doutes du personnage principal se trouvent transcendés pour lui permettre de regarder différemment son quotidien.

Ce dernier chapitre met fin à l'histoire dans l'histoire, et on mesure alors pleinement vers quoi l'auteur voulait nous amener.

Le trait de Jacques Louis s'est affiné, précisé depuis Le chômeur et sa belle. De quoi apporter de multiples nuances dans les expressions, un atout important pour une BD essentiellement axée sur les personnages. Les couleurs réalisées en bi ou trichromie peuvent surprendre au début, mais elles viennent également caractériser Family life. Alors qu'a priori on pouvait s'imaginer en terrain connu -les chroniques familiales ne sont pas rares en BD, notamment chez Dupuis- l'auteur signe un album charmant, bourré de tendresse, d'humour et d'émotion, qui sort décidément de l'ordinaire et ne peut laisser indifférent. Une BD de chevet qu'on relira avec plaisir !

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Pierre Burssens
16/09/2020