Le Camp-volant

Scénario, dessins et couleurs : René Hausman

Dupuis, collection Aire Libre

Dans chaque village, il se cache un vagabond solitaire

Un camp-volant était, « en Ardenne et en Lorraine, un vagabond, un nomade qui campe au bord des routes, de manière précaire, et les camps sont vite levés en cas de besoin », explique René Hausman dans la préface, ces « quelques mots, juste avant » ce bel album, souvenirs de sa grand-mère. Le camp-volant, vagabond solitaire des campagnes ardennaises, comme il en était partout sous d’autres appellations locales, était aussi un peu le conteur d’histoires, capable de raconter « des choses qu’il vaut mieux taire parfois, des choses qui vous reviennent parfois, à cause du genièvre ». Il faisait le lien entre des villages éloignés, se faisait rebouteux des bêtes à l’occasion, gentil comme tout, toujours prêt à rendre service pour peu qu’on lui accorde attention.

Quant à ses histoires, tiens, celle, étrange, de ce couple disparate, « elle passait pour simplette, lui était plutôt limité d’esprit ». Elle, « personne n’en voulait au village, la malheureuse ». Quant à lui, « ses vieux – ils ont eu du bien, ça se savait – voulaient voir le Firmin assurer la lignée »… Et que dire de leur enfant, disparu dans des conditions étranges, enlevés par des gnômes. René Hausman nous entraîne au plus profond de sa campagne natale, pleine de créatures étranges, le Petit Peuple qui vit près de nous mais que nous ne voyons pas, faute de regarder, d’écouter, de savoir attendre…

Un one-shot superbe, émouvant, mélancolique aussi, où les belles aquarelles mettent en valeur la force du récit, tantôt contes populaires tantôt souvenirs historiques, sans qu’on puisse vraiment démêler les croyances du réel. Mais est-ce bien nécessaire ? Il vaut mieux se laisser porter par les pérégrinations du camp-volant, à la fois narrateur et personnage principal de cet album…