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Le Spirou de... : Pacific Palace, par Christian Durieux (Dupuis)

Le Spirou de...

Pacific Palace

Scénario, dessins et couleurs : Christian Durieux

Dupuis

Les yeux d'Elena

Au Pacific Palace, un hôtel paisible au bord d'un lac qui l'est tout autant, Spirou regrette déjà d'avoir fait engager à ses côtés Fantasio, viré du Moustique. Car l'ex-journaliste reconverti en groom n'a vraiment pas la vocation et ne rate pas une occasion de fâcher M. Paul, leur supérieur hiérarchique. Trop tard pour faire machine arrière : un véritable huis clos est décrété et l'hôtel se retrouve sans clientèle et avec un personnel réduit pour accueillir discrètement Iliex Korda, dictateur déchu du Karajan, petit pays des Balkans...

La collection Le Spirou de... nous a déjà valu des surprises, bonnes ou moins bonnes. La tradition est respectée avec l'étonnant Pacific Palace de Christian Durieux. Graphiquement d'abord, car l'auteur ne cherche à aucun moment à inscrire son trait dans ceux des dessinateurs de la série originale. Durieux conserve son style. On reconnaît Spirou, Fantasio et Seccotine mais l'auteur leur donne corps dans un dessin s'approchant -presque paradoxalement quand on pense à la traditionnelle comparaison école de Marcinelle / Tintin- de la ligne claire. Une approche qui demande au lecteur un petit temps d'acclimatation mais qui s'avère ensuite réellement séduisante.

Et puis il y a ce récit, sans doute plus adulte que ce à quoi nous ont habitués les aventures de Spirou. L'auteur nous entraîne dans un huis-clos où l'élément humoristique, limité, est introduit par Fantasio. 

Peu d'action, une ambiance tendue, un peu mystérieuse au début, et un aspect doux-amer amené par la belle Elena aux yeux verts, qui laisse rêveurs les deux grooms de service du Pacific Palace. L'hôtel, plus qu'un décor, devient presque un personnage à part entière, et on en parcourt avec plaisir les pièces et couloirs, tant Christian Durieux en signe des images détaillées. A défaut d'être totalement pacifique au vu de ce qui s'y déroule, il est classe, le Palace !

Avec cette sorte de thriller feutré aux allusions politiques (Korda ne peut que rappeller quelques dictateurs déchus hélas bien réels et les petits arrangements organisés avec cartains pays dits démocratiques pour leur assurer la tranquilité...), Christian Durieux signe un Spirou extrêmement personnel. A la fermeture de l'album, on en retient la remarquable homogénéité, entre les personnages, le ton du récit, l'atmosphère du Pacific Palace et les choix du dessinateur. Pacific Palace n'est pas seulement un très bon Spirou de, il s'agit aussi, tout simplement, d'une excellente BD. Indispensable, et pas seulement pour les admirateurs du groom !

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Pierre Burssens

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