
Les déracinés
Scénario : Catherine Bardon
Dessins : Winoc
Couleurs : Sébastien Bouet
Philéas
L'exil et l'espoir
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Après l'Anschluss, le climat de plus en plus hostile aux juifs pousse Almah et Wilhelm à s’exiler avant qu’il ne soit trop tard. Perdus sur les routes de l'exil, ils tirent leur force de l'amour qu'ils se portent. Ils n’ont d’autre choix que de partir en République dominicaine, où le dictateur promet 100 000 visas aux juifs d’Europe. Là tout est à construire et les colons retroussent leurs manches pour bâtir, en plein coeur de la jungle, plus qu'une colonie : une famille et un avenir.
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Née d'un grand groupe d'édition, Philéas poursuit la publication d'adaptations de romans en BD. Cette fois, exceptionnellement, c'est L'autrice Catherine Bardon qui scénarise elle-même son livre Les déracinés, premier tome d'une grande saga historique et familiale -le tome 4 Un invincible été est prévu pour avril- pour le porter en BD.
Si Les déracinés évoque la montée du nazisme en Autriche et la menace de plus en plus précise qui pèse sur les Juifs, le grand public connaît moins bien les routes de l'exil empruntées par ceux-ci pour y échapper. Des chemins semés d'embûches et de désillusions, comme on le découvre dans l'album, mais qui constituèrent pour beaucoup la seule solution pour échapper à la déportation et à l'extermination.
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Amoureuse de la République dominicaine, Catherine Bardon retrace l'existence de Sosua, sorte de colonie juive créée au départ sur le modèle des kibboutz. Elle le fait à travers le parcours d'Almah et Wil, les déracinés autrichiens qui vont véritablement y reconstruire leur vie, non sans difficulté ni drames, mais conduits par un formidable espoir. L'autrice ayant elle-même effectué la scénarisation, on n'a pas vraiment l'impression de lire l'adaptation d'un roman. La BD se suffit à elle-même et c'est avec plaisir et intérêt que l'on suit le cheminement des héros de la grisaille autrichienne vers les promesses du soleil tropical.
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Winoc effectue une mise en images sobre et efficace, qui nous rapproche d'autant plus des personnages, alors que les premières planches ensoleillées par le coloriste Sébastien Bouet constituent une bulle d'air et de lumière bienvenue par rapport à ce qu'ont vécu Almah et Wil précédemment.
Après un polar et un thriller, Phileas diversifie son catalogue avec Les déracinés. Gageons que les autres volets de la fresque de Catherine Bardon bénéficieront du même traitement alors que, parallèlement, cet album éveille peut-être suffisamment la curiosité pour se pencher sur le roman.