Les fiancées du califat

Scénario : Marc Trévidic & Matz
Dessins : Giuseppe Liotti
Couleurs : Gaétan Georges

Rue de Sèvres

Semer le chaos

"Nous avons besoin de toutes les forces que nous pouvons trouver, Cheikh. Et puis, les mécréants ne se méfient pas des femmes. N’est-ce pas toi qui m'as dit qu'il fallait utiliser les points faibles de nos ennemis ?"

Après le triptyque Compte à rebours, on retrouve le juge d'instruction Antoine Duquesne pour ce one-shot se déroulant dans le même univers. Cette fois, c'est à une cellule terroriste féminine qu'il a affaire. Le groupe est mené par Aïcha Karmous, alias Oum Ghalib, dont le mari Abou Ghalib, proche d'un cheikh de Daech, se trouve au Pakistan. Les cinq femmes se préparent à l'action, mais où et comment frapperont-elles afin de semer le chaos en France ?

Marc Trévidic, qui fut entre 2006 et 2015 juge d'instruction au tribunal de grande instance de Paris au pôle antiterrorisme, met à nouveau son expérience au service d'un récit documenté, rappelant des événements encore très proches et qui fait froid dans le dos. Matz, spécialiste du thriller, contribue à la construction d'un scénario millimetré redoutablement efficace. Une fois la lecture entamée, difficile de lâcher l'album tant le portrait de ces femmes aux allures d'anges...exterminateurs est saisissant.

Pourtant, leur combat fanatique se double de la revendication d'être l'égal des hommes...au sein du califat, et donc de trouver une forme de reconnaissance dans le sang versé, celui des autres et le leur si nécessaire.

Le découpage privilégie les grandes cases, bien mises à profit par le dessin réaliste et fin de Giuseppe Liotti. Certaines planches peuvent paraître bavardes au premier coup d'oeil, mais on mesure, à la lecture, que ce n'est jamais inutile. En effet, on découvre certains mécanismes mis en place tout comme, sur le terrain, les difficultés pratiques des filatures de personnes portant le niqab.

On apprend ainsi pas mal de choses avec Les fiancées du califat, oscillant entre polar et thriller et...absolument pas rassurant ! Mention spéciale à l'image de couverture, particulièrement évocatrice.