Les âges perdus

Tome 1 : Le fort des Landes

Scénario : Jérôme Le Gris
Dessins : Didier Poli
Couleurs : Bruno Tatti

Dargaud

Après l'Obscure

À la veille de l'An Mil, le feu du ciel se déchaîne sur la Terre et la plonge dans une nuit éternelle. Les villes sont rayées de la carte. Les humains se réfugient dans des grottes. Le temps de l'Obscure est venu...  Quelques milliers d'années plus tard, tandis que le soleil est réapparu, la vie reprend enfin ses droits. Mais les savoirs anciens ont disparu. Pour survivre, des clans nomades se forment et se partagent les territoires et les ressources selon des règles établies. 

Dans ce récit rétro-apocalyptique, l'humanité n'a pas eu le temps de sortir du moyen-âge. Après l'Obscure, elle doit se réinventer, avec le niveau de connaissances et la culture dont elle disposait à cette époque. Les communautés ont régressé, se sont regroupées en clans, occupent épisodiquement des forts en rondins et tentent de (sur)vivre face à de redoutables prédateurs. Le fort des Landes qui donne son nom au titre de ce premier album (sur quatre prévus) des Ages perdus abrite un secret et des documents qui évoquent le monde d'avant l'An Mil. Primus, chef d'un petit groupe de nomades, connaît leur existence. Mais la révéler remettrait en cause le semblant d'organisation établi en cette nouvelle époque et le pouvoir d'autres clans et de leurs dirigeants.

Plus qu'un tome d'exposition, ce premier volet plante le décor (étonnant) de cette histoire mais nous fait également entrer dans l'action. SF ? Fantasy ? Difficile d'apposer une étiquette à l'univers que nous dévoilent Jérôme Le Gris et Didier Poli car si les récits post-apo ne manquent pas, constituant un sous-genre à part dans la SF, il fallait oser donner corps à la grande peur de l'An Mil (nettement plus radicale que le redouté bug de l'an 2000 !).

L'ensemble tient parfaitement la route et Le fort des Landes est captivant. En effet, le scénario de Jérôme Le Gris nous emmène de découverte en découverte et ce choix de décalage historique et temporel donne lieu à de nombreuses surprises.

Didier Poli en crée les images grâce à un trait réaliste efficace et élégant, sans surcharge inutile, qui assure une belle fluidité de lecture. Le dessinateur parvient à animer suffisamment certaines scènes plutôt contemplatives pour qu'elles ne soient pas ennuyeuses, avant de se consacrer à des séquences d'action à grand spectacle. On apprécie aussi l'inventivité de certains décors comme la férocité de quelques espèces animales (mutantes ?) mises en scène.

Au-delà de ses secrets, Le fort des Landes est prometteur et semble augurer d'une fort belle série. Gageons que le tome 2 confirmera cette bonne impression.