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Chaplin - Tome 2/3 : Prince d'Hollywood, par Laurent Seksik, David François (Rue de Sèvres)

Chaplin

Tome 2/3 : Prince d'Hollywood

Scénario : Laurent Seksik
Dessins et couleurs : David François

Rue de Sèvres

Le trône fragile

Alors qu’il vient de perdre à la naissance, le fils de Mildred, sa première épouse , Charlie tourne Le Kid, l’histoire de cet enfant qu’il n’aura pas vu grandir. Le film est un immense succès. Charlie reconnu par le tout Hollywood comme l’un des plus grands artistes de son époque savoure son ascension et œuvre déjà pour son prochain film, La Ruée vers l’or qui sera un véritable triomphe. A 35 ans, il épouse en secondes noces la très jeune Lita déjà enceinte de leur premier enfant...

Le succès professionnel est au rendez-vous pour Chaplin, dont le personnage de Charlot n'a jamais été aussi populaire. Parallèlement à cela, sa vie privée est pour le moins compliquée, et tourne à la tragédie quand il perd son fils. Un drame qu'il transcende dans Le Kid, avant de connaître son premier échec cinématographique avec Le cirque. Sa vie avec Lita, sa nouvelle épouse n'est pas non plus de tout repos et alors que sur grand écran il renoue avec le succès grâce aux Lumières de la ville, c'est une période d'incertitudes et de remise en question qui commence pour lui. D'une part le climat politique s'assombrit alors que l'emprise d'un certain dictateur se précise en Allemagne tandis que dans les salles obscures le cinéma devient...parlant.

Laurent Seksik et David François poursuivent leur biopic réussi de Charlie Chaplin en nous faisant rencontrer celui qui est devenu un Prince d'Hollywood mais dont le trône paraît fort fragile en cette période-charnière. Le ton de ce deuxième volet est logiquement plus grâve que celui du premier, au vu des faits relatés. Cependant, le scénario de Laurent Seksik reste particulièrement rythmé et les événements et péripéties s'enchaînent rapidement, évitant tout temps mort. Un flux renforcé par une quasi-absence de textes narratifs, petit exploit dans une BD à vocation biographique et historique. L'association des dialogues et du dessin suffit à plonger le lecteur dans l'effervescence créative de Chaplin, ses problèmes privés et ses doutes qui se précisent.

Le trait souple et enlevé de David François renforce le dynamisme du récit. L'expressivité de ses personnages évite l'ennui lors de séquences statiques alors que de grandes cases, parfois pages ou double pages restituent la démesure de la capitale mondiale du cinéma et les ambitions du réalisateur-acteur. Chaplin s'éloigne peu à peu de son rôle de vagabond pour gagner une autre dimension, qui le conduira vers ses films suivants.

Les biopics sont presque devenus un sous-genre bien précis en BD, mais Chaplin, par son rythme et son dynamisme, se distingue de leur format. Gageons que le dernier volet de ce triptyque confirmera les qualités des deux premiers !

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Pierre Burssens

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