
Autobiographie d'une courgette
Scénario : Ingrid Chabbert d'après le roman de Gilles Paris
Dessins et couleurs : Camille K.
Philéas
Foyer, doux foyer ?
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Icare, -dit Courgette- vit seul avec sa mère alcoolique depuis le jour où son père est parti faire le tour du monde avec une poule. Un jour où sa mère s'en prend au ciel, il trouve un revolver et essaie de tuer le ciel . Sa mère tente de lui enlever l'arme, et c'est l'accident, fatal pour elle... Courgette est placé aux Fontaines, un foyer pour enfants. Sa vie change radicalement, entre les zéduc' et les copains… mais surtout Raymond, le gentil gendarme et Camille, son amoureuse. Spécialisée dans l'adaptation de romans en BD, Philéas diversifie les genres avec ce grand succès de Gilles Paris déjà mis à l'honneur sur grand et petit écran.
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Cette fois le roman trouve son chemin vers un roman...graphique de 120 pages fidèle à l'univers créé par l'écrivain. Au contraire de l'oeuvre originale, racontée à la première personne, Ingrid Chabbert choisit de privilégier les dialogues, ce qui apporte davantage de dynamisme au format BD.On retrouve le ton du roman et surtout l'humour, la chaleur et une certaine forme de poésie (amplifiée par le dessin) alors que le pitch de l'intrigue pourrait laisser croire à une tragédie. Néanmoins, avec tact et délicatesse, les autrices laissent transparaître, par petites touches, les circonstances chaotiques qui amènent ces enfants maltraités, parfois battus, à se retrouver placés en foyer, prélude pour certains à une hypothétique adoption.
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Mais le foyer sort aussi Courgette de sa solitude et de sa détresse, et entre copains et éducateurs, c'est une sorte de famille qui, pour lui, se précise peu à peu. Ingrid Chabbert et Camille K. nous proposent une adaptation à la fois amusante et touchante qui, au-delà de l'intrigue, nous replonge quelque part en enfance, en évoquant certains questionnements ou préoccupations qui pouvaient être les nôtres. Le trait de Camile K., dans l'air du temps, se révèle faussement simple mais suffisamment expressif pour que le récit atteigne son but et la sensibilité du lecteur. La dessinatrice opère des choix de couleurs qui, à première vue, peuvent déconcerter mais qui contribuent à nous faire entrer dans le petit monde de Courgette et son ambiance particulière, tout comme les dessins attribués au gamin qui traduisent ses émotions et divisent le récit en chapitres. Ajoutons le beau travail de l'éditeur qui nous propose un album au dos toilé dans un agréable petit format, et on dispose assurément là d'un album optimiste et à découvrir.
A noter que les éditions Philéas annoncent le premier tome d'une série inédite -et non une adaptation- pour le 16 septembre. Il s'agit de L'Agence des Invisibles, qui mettra en scène une agence d'enquêteurs spécialisés dans la recherche de personnes disparues pendant les conflits. Marc Levy et Sylvain Runberg en assureront le scénario et on y retrouvera Espé au dessin. A suivre, donc...