Ce que le vent apporte
Scénario, dessins et couleurs : Jaime Martin
Dupuis, collection Aire Libre
Ce que Jaime Martin nous apporte
Premier album de l’Espagnol Jaime Martin en français, Ce que le vent apporte conte une histoire de rumeurs paysannes, de cris, de fureur et de sang dans des contrées perdues de l’Oural. En 1916, un jeune étudiant en médecine quitte Moscou pour fuir la police tsariste, et accepte la direction d’un dispensaire au fin fond de l’Oural. Le chirurgien qui exerçait là-bas s’est fait, dit-on, tuer par un ours… Si l’été se passe relativement bien, l’hiver est particulièrement rude, et les habitants ne peuvent – ou ne doivent – quasiment pas sortir de chez eux… surtout lorsque la tempête mugit, parce que « la Bête » frappe à ce moment-là.
Jaime Martin raconte des personnages truculents ou dangereux, paysans tantôt généreux tantôt psychotiques, attachants autant que repoussants. Tout en dressant un bien beau scénario, l’auteur espagnol fait montre aussi d’une belle technicité dans son approche graphique, créant des ambiances fortes. Le ton adopté, l’exubérance de certains personnages, la petitesse des autres, cette manière de se laisser emporter par le tourbillon du temps et des espaces infinis de l’Oural font immanquablement penser à ces écrivains russes du XIXe siècle, tout autant qu’à la Bête du Gévaudan, réunissant et mettant en scène deux mondes que tout oppose. Parce que les doutes du médecin ramènent le lecteur vers des contrées bien plus proches : « La science et l’ignorance ne feront jamais bon ménage »…