
Tu ne tueras point
Scénario : Jean-Louis Tripp d'après Christophe Hondelatte
Dessins et couleurs : Cyril Doisneau
Le Lombard
Humains et assassins
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Quel est le point commun entre une ouvrière, l'adjoint d'un maire d'extrême droite, le détenteur de la 38e fortune de France et un SDF épris de Brassens ? Tous ont été assassinés. Mais qui est capable de tuer, et pourquoi ? En serais-je capable ? Et comment ? Et que ferais-je ensuite du cadavre ?
Depuis 2000 à la TV puis en radio, Christophe Hondelatte évoque avec passion et précision des faits divers devenus des affaires criminelles, donnant la parole aux avocats et autres témoins de ces dossiers, conjuguant l'aspect humain à un fond journalistique solide. Le succès est au rendez-vous puisque son podcast totalise plus de 15 millions d'écoutes par mois.
Une telle popularité avait de quoi éveiller l'intérêt des éditeurs de BD, mais c'est le journaliste qui a pris les devants en approchant Jean-Louis Tripp...
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Enthousiaste, l'auteur qui cultive généralement le positif et l'optimisme à travers ses récits s'est plongé dans le sombre terreau qui nourrit les chroniques du journaliste et a choisi une dizaine d'histoires parmi son répertoire.
Celles-ci composent cet album de 140 pages, véritable recueil de nouvelles...graphique qui surprend par sa sobriété. En effet, Jean-Louis Tripp au scénario et Cyril Doisneau pour le dessin ont voulu s'inscrire dans la ligne narrative du journaliste. Rien de gratuit, pas de spectaculaire inutile...même -et surtout- si le côté sordide de certaines des histoires adaptées aurait pu donner lieu à des épanchements d'un goût douteux.
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L'auteur d'Extases et du Magasin général (avec Loisel) se livre au difficile exercice de l'adaptation, s'accordant de 10 à 20 pages pour mettre en scène les grandes lignes des affaires évoquées par Christophe Hondelatte. Sous ce format, difficile de s'encombrer de superflu ! Le dessin, dans l'air du temps, va lui aussi à l'essentiel, suivant un découpage très classique. La palette de couleurs employée par Cyril Doisneau contribue également à maintenir une certaine distance, ou une forme de recul, entre le lecteur et les faits exposés. Seul petit bémol, la police de caractères choisie pour les textes n'assure pas toujours une lisibilité confortable.
Le conclusion de chaque histoire, souvent celle du tribunal, surprend parfois mais peut aussi appeler à la réflexion. Tu ne tueras point nous rappelle, en tous cas, que la réalité dépasse la fiction plus souvent qu'on le pense...