René.e aux bois dormants
Scénario, dessins et couleurs : Elene Usdin
Sarbacane
Le refuge onirique
René vit avec sa maman dans un gratte-ciel de Toronto, souvent seul, car elle travaille dur et n’a guère de temps à lui consacrer. René ne se sent pas bien, nulle part, que ce soit dans sa chambre où il se réfugie alors parmi les jouets qu’il affectionne, notamment ses petits soldats avec lesquels il organise des batailles mémorables, mais également lorsqu’il en sort pour se rendre à l’école, réalisant rapidement qu’il n’est pas comme tous les autres enfants de race blanche, lui, l’enfant typé.
Les sarcasmes et les réflexions sont monnaie courante et il en vient jusqu’à demander à sa mère s’il n’a pas été volé. Devant le mutisme de cette mère dure, froide, il va se réfugier dans le monde fantasmagorique de ses rêveries. La fuite de Sucre-doux, son lapin-doudou, va l’entraîner dans une quête effrénée où, tour à tour, créatures avenantes et effrayantes vont peupler son rêve qui s’apparente, cette fois, davantage à un cauchemar. Où cela le mènera-t-il, sortira-t-il indemne de ce voyage onirique ? Pourquoi René devient Renée au fil du récit ?
Pour son premier roman graphique, l’auteure Elene Usdin livre là un beau scénario des plus originaux en transportant le lecteur dans un univers imaginaire où se découvrent petit à petit les raisons du mal-être de ce petit bonhomme. Elene Usdin revient sur cette période douloureuse de l’Amérique avec ce que l’on appelle plus communément la rafle des années soixante, où bon nombre d’enfants autochtones ont été volés à leurs familles pour permettre l’adoption à des gens de la classe moyenne des Etats-Unis et du Canada.
Fort de ses 272 pages, ce pavé se lit d’une traite pour en connaitre le dénouement après tant et tant de rebondissements, et se relit tranquillement pour apprécier tant le découpage que les peintures, tout aussi belles les unes que les autres.
Assurément une des plus belles découvertes de cette rentrée. Indispensable !