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Brigade Verhoeven - Tome 3 : Alex, par Pascal Bertho d'après Pierre Lemaître, Yannick Corboz (Rue de Sèvres)

Brigade Verhoeven

Tome 3 : Alex

Scénario : Pascal Bertho d'après Pierre Lemaître
Dessins : Yannick Corboz
Couleurs : Sébastien Bouët & Erika Frichet

Rue de Sèvres

Cage(s)

Qui connaît vraiment Alex ? Elle est belle. Excitante. Est-ce pour cela qu'on l'a enlevée, séquestrée, livrée à l'inimaginable ? Mais quand la police découvre enfin sa prison, Alex a disparu. Alex, plus intelligente que son bourreau. Alex qui ne pardonne rien, qui n'oublie rien, ni personne...

Avant son Goncourt de 2013 pour Au revoir là-haut, Pierre Lemaître, ne l'oublions pas, était aussi un écrivain de polars reconnu et récompensé à de nombreuses reprises. Alex, comme les autres albums de la Brigade Verhoeven, constitue l'adaptation d'un roman de cette période, et quel roman ! Même si les adaptations d'oeuvres littéraires en BD semblent avoir le vent en poupe, un tel exercice s'avère toujours délicat.

Pour Alex, il s'agit de passer d'une confortable brique de plus de 400 pages, à la construction surprenante et à forte charge psychologique, à une septantaine de planches de BD. Pascal Bertho s'attache à conserver l'essentiel du roman pour en tirer un scénario rythmé et efficace, un scénario qui fonctionne et qui laisse proportionnellement davantage d'espace aux doutes et aux douleurs de Camille Verhoeven, policier torturé (voir les tomes précédents) que le roman. On avance à un rythme rapide, la progression semble calquée sur un compte à rebours pour une enquête qui doit aboutir d'urgence et le tout se décline selon un découpage nerveux.

Hélas, il faut reconnaître que si l'aspect particulièrement glauque de l'histoire, que l'on découvre progressivement, est conservé, on perd quand même de la montée en puissance du roman, une bonne part de l'angoisse de la captivité d'Alex et surtout sa saisissante construction en trois temps, beaucoup plus marquée dans l'oeuvre initiale. Mais n'est-ce pas l'écueil classique des adaptations littéraires, qu'elles soient réalisées en BD ou...au cinéma ?

Yannick Corboz signe pour sa part de fort belles planches dans un style réaliste souple et élégant, plus classique que celui choisi pour les récentes Rivières du passé (scén. Desberg / éditions Daniel Maghen). Le dessinateur privilégie les gros plans, renforçant les expressions des personnages pour mieux traduire leurs questionnements. Les couleurs de Sébastien Bouët et Erika Frichet participent aux ambiances de ses grandes cases.

Alors Alex, roman ou BD ? Deux formes différentes pour une même intrigue, qui fonctionnent selon leurs propres codes, et le passage de l'une à l'autre s'avère à chaque fois délicat.

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Pierre Burssens

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02/11/2021