Les tuniques bleues

Tome 64 : Où est donc Arabesque ?

Scénario : Raoul Cauvin
Dessins : Willy Lambil
Couleurs : Leonardo

Dupuis

Cheval de guerre

De retour de mission, Blutch découvre qu'Arabesque, sa précieuse jument capable de faire la morte pendant les charges, a été réquisitionnée par une autre unité nordiste ! Ivre de rage, il détruit tout sur son passage, y compris le mess des officiers, mais parvient à convaincre Chesterfield de partir à la recherche de son cheval...

Impossible de lire cet album sans penser que l'on a entre les mains l'ultime scénario de Raoul Cauvin et que, vu les circonstances, son écriture n'aura sans doute pas été des plus faciles. Pourtant, l'ami Raoul nous a laissé une dernière bonne surprise. En effet, si les chevaux et Arabesque en particulier ont déjà été mis à l'avant-scène dans d'autres albums de la guerre sans fin des Tuniques bleues, ce tome 64 s'avère joliment réussi. Certes, le scénariste redistribue une nouvelle fois à sa façon les constantes de la série, l'antagonisme entre Blutch et Chesterfield, l'absurdité de la guerre et du comportement de certains militaires...mais l'ensemble fonctionne beaucoup mieux que sur certains des épisodes récents et on ne s'ennuie pas du tout à la lecture de Où est donc Arabesque ?

Entre un amusant road-movie qui va (presque) réconcilier le duo de héros et de surprenants running gags (Blutch crache...sa colère) on sourit beaucoup et on rit parfois tout au long de ces 44 planches qui démontrent à nouveau, s'il en était encore besoin, le talent d'un grand de la BD. Un auteur populaire -mais c'est aussi une qualité, n'en déplaise à certains- qui a su distraire et amuser plusieurs générations de lecteurs.

Fidèle complice, une fois de plus Willy Lambil ne recule pas devant la difficulté et signe quelques scènes fort réussies. Thématique de l'histoire aidant, on a plaisir à s'attarder sur son dessin des chevaux et les expressions que le dessinateur parvient à leur donner. Hélas, son trait rencontre aussi quelques faiblesses, notamment -et on le regrette- dans les visages des personnages, parfois même dans ceux des héros.

Les tuniques bleues connaîtront probablement d'autres aventures sous d'autres plumes et crayons, mais nul doute que pour le grand public, les noms de Lambil et Cauvin resteront ceux que l'on associera directement à la série (créée par Louis Salvérius et Cauvin en 1968).

Merci pour tout M'sieur Cauvin, on a de quoi (re)lire si on veut retrouver votre humour. Dommage que Dupuis n'ait pas jugé opportun de glisser un petit hommage dans cet album, mais vous, vous y avez glissé votre sourire, et c'est tellement mieux !