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London Vénus : Une vie d'Alison Lapper, par Yaneck Chareyre, Mathieu Bertrand (Steinkis)

London Vénus

Une vie d'Alison Lapper

Scénario : Yaneck Chareyre
Dessins : Mathieu Bertrand

Steinkis

L'Art de la différence

Angleterre, 1965. Un bébé vient au monde sans bras et avec des jambes atrophiées. Cette petite fille est cachée à sa mère et est prise en charge par l'état. Cette petite fille, c'est Alison Lapper. Elle va ainsi grandir en institution dans la campagne britannique où on lui apprend à être indépendante, tout en s'attendant à ce qu'elle ne réussisse pas ! Pourtant, aujourd'hui, elle marche, court, nage, elle conduit, elle est une femme, une mère et une artiste accomplie... Une statue de 3 mètres à son effigie trônera même à Trafalgar Square !

Dès sa naissance, tout semblait condamner Alison Lapper, née sans bras et avec des jambes atrophiées. Et il est vrai que le parcours de celle que certains traitent de monstre, à travers les années, a parfois des allures de chemin de croix. Seulement voilà, Alison a une force de caractère et une énergie hors du commun, et elle va tout mettre en place pour vaincre les multiples obstacles qui se présentent sur son chemin, à commencer par s'affranchir du regard des autres. Alors que peu à peu l'art entre dans sa vie et y gagne une place de plus en plus importante, Alison revendique une existence normale, or si celle-ci lui réserve de belles victoires, la tragédie sera elle aussi plus d'une fois au rendez-vous.

La London Vénus, c'est Alison Lapper pregnant, une oeuvre du sculpteur Marc Quinn qui fut exposée pendant près de deux ans sur Trafalgar Square, avant qu'une copie (gonflable) circule au gré de différentes expositions internationales et soit même utilisée pour l'ouverture des Jeux paralympiques de Londres. L'artiste voulait interpeller le public sur la différence, son regard sur certaines statues antiques privées de membres et celui sur des personnes ben réelles dans cette situation. Il avait choisi de représenter Alison Lapper enceinte de son fils Parys, sa plus belle oeuvre d'Art à elle. 

Yaneck Chareyre et Mathieu Bertrand choisissent de débuter leur récit au moment de l'inauguration de l'oeuvre, avant que leur héroïne ne plonge dans ses souvenirs pour nous raconter son histoire. A partir de là, le lecteur embarque dan un parcours de montagnes russes émotionnelles, les plus grands espoirs alternant avec de cruels coups du sort, comme si le handicap d'Alison n'était pas suffisant.

Mais à travers tout ça, on ne peut qu'être bluffé par la volonté de cette femme qui, progressivement gagne son indépendance et sa place dans la société.

Le scénario de Yaneck Chareyre ne tombe jamais dans la pathos, Alison est une battante capable d'encaisser les coups si cela lui permet d'avancer et l'écriture de l'album est à son diapason. Mathieu Bertand, de son côté, réussit à mettre en images cette héroïne différente et, progressivement, à la rendre attachante et belle.

Parfois, décidemént, la réalité dépasse la fiction. Avec Alison Lapper, les auteurs nous font rencontrer une héroïne bien réelle qui méritait assurément de devenir cette héroïne de BD dans un album qui ne peut laisser indifférent.

Seul petit regret, une conclusion quelque peu abrupte mais...la vie continue !

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Pierre Burssens
14/02/2022