La peau de l'autre
Tome 2/2 : Vice & versa
Scénario : Serge Le Tendre
Dessins et couleurs : Gaël Séjourné
Grand Angle
Apparences
Lorsque la guerre éclate, Harvey, compositeur new-yorkais, devient pilote et
rencontre Jason, chirurgien esthétique
radié de l'Ordre des médecins. Lors d'une mission, leur bombardier est abattu. Harvey sauve Jason de justesse avant que l'avion ne s'embrase, mais l'explosion le défigure. Un an plus tard, alors qu'il ne supporte plus la prothèse en cuir qui lui mange la moitié de son visage, Jason lui fait
une proposition... Dans le Hollywood d'après-guerre, un nouvel acteur fait sensation. En réalité, derrière le comédien se cache Harvey qui, grâce au travail de Jason, peut duper le monde du cinéma. Mais instable et sous morphine, la supercherie pourrait bien se révéler dévastatrice pour le jeune acteur...
Dans La peau de l'autre, Serge Le Tendre adresse un gros clin d'oeil à quelques classiques du Fantastique littéraire et cinématographique mais avec une approche originale qui, au départ, ne permet pas de deviner vers quoi le scénariste chevronné entraîne le lecteur. En début ce second volet, Ferenc de Nostromo fait sensation à Hollywood, mais c'est bien Harvey, au visage remodelé, qui a endossé cette nouvelle identité. Une rencontre avec Ross Manson, qui s'est approprié le succès de ses compositions, réveille toute sa rancoeur et accentue son instabilité. Le récit semble de prime abord se concentrer sur cette relation, mais d'autres arcs narratifs se précisent peu à peu et c'est vers une conclusion surprenante que nous conduit ce second volet.
Au passage, l'histoire aura gagné sa dimension fantastique -favorisée par l'univers du cinéma dans lequel elle se déroule- après avoir débuté comme un polar. On pense en effet à Dr Jekyll et Mr Hyde, mais aussi, par certains aspects, au Fantôme de l'opéra, à Frankenstein ou même au mythe de Faust.
Peut-être certains reprocheront-ils aux auteurs de creuser un peu trop profondément le sillon de la série B, mais ce choix cadre bien avec l'époque et le contexte dans lesquels prend place La peau de l'autre. Le dessin réaliste fort efficace de Gaël Séjourné amplifie cette sensation, glissant ainsi progressivement de la reconstitution soignée à des séquences nettement moins sobres. Un cheminement que vient renforcer le recours à des couleurs davantage agressives. Quant à la page 50 de l'album, elle ne peut qu'évoquer une affiche de l'un de ces vieux films d'horreur dans lesquels Ferenc de Nostromo rencontre le succès. Le tout se décline fort logiquement sur un découpage très...cinématographique.
Vice & versa complète ainsi un diptyque de qualité. Et si ses deux parties sont projetées dans une vieille salle obscure, n'hésitez pas à acheter votre ticket... Ah non, c'est vrai, c'est juste de la BD !
