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Les Sauvages Animaux, par Stephen Desberg, Johan De Moor (Casterman)

Les Sauvages Animaux

Scénario : Stephen Desberg
Dessins et couleurs : Johan De Moor

Casterman

Mal léché ?

Au cœur des années 70, le manager Peter Grump raconte comment il a mené Les Sauvages Animaux au faîte de la gloire. Malgré le génie incontestable de ces animaux-rockeurs, son rôle a été capital, ne fût-ce que pour imposer un minimum de discipline dans la folie la plus totale. Gérer les groupies et les ruptures, effrayer les promoteurs véreux, rembourser les équipements de studio bousillés, redécorer les chambres d’hôtels défoncées quand les nuits leur avaient donné le blues – ou quand le blues leur avait donné le groove, autant de tâches relevées haut la main par Grump!

Un lion, un loup, un puma et un zèbre, ce sont des animaux, certes, mais ils se nomment Robert, Jimmy, John Paul et John, ils sont musiciens et leur groupe ressemble furieusement à Led Zeppelin. Et puis il y a Peter Grump, un ours qui est le manager du groupe, et qui évoque Peter Grant (le bonhomme mesurait plus d'1,9 m pour plus de 130 kilos !), et c'est en s'inspirant très librement de la vie de ce dernier que Stephen Desberg et Johan De Moor nous racontent à leur manière l'histoire des Sauvages Animaux et leur trajectoire unique qui allait à jamais inscrire leur(s) empreinte(s) dans l'histoire du rock.

Les biopics sont à la mode, mais les auteurs apportent à celui-ci un décalage maîtrisé qui permet d'introduire un humour bienvenu dans ce qui, autrement, se limiterait au récit de la carrière d'un groupe rock majeur. Les Sauvages Animaux évoluent dans un univers où humains et animaux se côtoient sans trop remarquer leurs différences.

Les auteurs jouent habilement de l'anthropomorphisme des membres du groupe de de leurs proches ce qui nous vaut quelques scènes franchement cocasses, comme le besoin de retour à la terre du zèbre batteur ou les séjours en forêt de l'ours Peter Grump. Celui-ci, comme son modèle, s'avère par ailleurs un redoutable manager ayant assurément contribué à l'élaboration du mythe Led Zeppelinien.

L'ensemble se lit fort agréablement, le sourire aux lèvres, ne fait pas l'impasse sur les clichés sex & drugs and rock'n'roll mais nous en apprend aussi beaucoup sur le rôle de Grant dans l'ascension du Zeppelin.

De quoi séduire aisément les amoureux de l'histoire du rock et éveiller la curiosité des autres par son approche originale. Et surtout donner à tous l'envie de se replonger dans la discographie du Dirigeable.

Parallèlement à cet album, Casterman publie un imposant Dessins d'humeur, recueil de dessins de presse de Johan De Moor. En plus de 250 pages, on mesure l'imagination de l'auteur, son regard sur le monde et les événements qui le façonnent (ou le détruisent !). Un chapitre important est consacré à la pandémie. Le recours à des techniques variées renforce l’impact des créations inventives et percutantes de Johan De Moor. Quelques planches réalisées avec Gilles Dal pour la revue Pandora complètent l’ouvrage et montrent la variété de la production de cet auteur résolument original.



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Pierre Burssens
22/03/2022