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Se jeter à l'eau, par Gwénola Morizur, Elléa Bird, collection Ramdam (Jungle)

Se jeter à l'eau

Scénario : Gwénola Morizur
Dessins et couleurs : Elléa Bird

Jungle, collection Ramdam

Tu es un océan

Leïla vit une vie tranquille et lisse, sans trop de mouvement, un ronron quotidien dans lequel elle se sent couler. Une vie qu’elle a l’impression d’avoir choisie mais qui semble l’étouffer sans qu’elle sache vraiment pourquoi. Mais peu à peu, c’est une succession de rencontres, de signes qui l’amènent à prendre la route, partir en Bretagne sur les traces de sa vie, de ses envies et de son histoire, pour enfin trouver les ressources de bâtir le futur qu’elle désire vraiment : tourné vers le monde, la mer et les baleines…

Gwénola Morizur et Elléa Bird nous content une histoire étonnante avec Se jeter à l'eau. Une histoire de choix, de destin, de racines et de changement de vie. En découvrant Leïla à bord du bateau d'une association de protection des océans de type Sea Shepherd dans les premières planches, on est loin d'imaginer ce qui l'a amenée là. Pourtant, entre son travail routinier dans un aquarium et la destruction d'une poissonnerie proche de son appartement, la mer et ses habitants ne sont jamais loin de la jeune femme. Pourrait-on parler de signes du destin ?

Il est vrai que le scénario joue sur la frontière entre imaginaire et réalité. Les rencontres qu'effectue Leïla sont-elles bien réelles ? Le doute persiste, mais on suit progressivement l'héroïne dans son cheminement vers un choix radical. En refermant l'album, on a ainsi la sensation d'avoir lu un conte moderne, sensation reforcée par la référence à une légende autochtone et la douceur générale de la narration. À ce propos, seule la scène de l'échafaudage s'immisce de manière fort abrupte dans le récit et brise quelque peu son rythme plutôt feutré.

Le joli dessin d'Elléa Bird restitue bien cette histoire traversée par un message en faveur de la protection des mers et de leurs créatures et participe grandement à son ambiance un rien éthérée et à sa poésie. La dessinatrice donne corps à une héroïne d'autant plus attachante et touchante  qu'elle est quelque peu atypique selon les canons traditionnels (mais un rien dépassés) de la BD. On aura une petite pensée pour elle en se promenant en bord de mer, ou en allant Se jeter à l'eau... tout en douceur.

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Pierre Burssens
29/03/2022