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Celle qui parle, par Alicia Jaraba, collection Grand Angle (Bamboo)

Celle qui parle

Scénario, dessins et couleurs : Alicia Jaraba

Bamboo, collection Grand Angle

Celle qui parle a de l’or dans la bouche

Début du XIème siècle, alors que les guerres de clans en Amérique centrale font rage, Malinalli, jeune fille du cacique d’Ollita est enlevée par les Mexicas (les aztèques) pour servir d’esclave. Réduite à trimer dans les champs de maïs toute la journée et destinée au repos du guerrier la nuit, la jeune amérindienne envisage son avenir de manière bien sombre quand l’arrivée des conquérants espagnols va changer la donne.

En effet, Malinalli maîtrise parfaitement plusieurs langues et ce don va lui être salvateur, car elle va devenir la traductrice d’Hernán Cortez, l’impitoyable conquistador, auprès de ses maîtres. Devenant indispensable pour le conquistador qui veut négocier avec les peuples amérindiens, elle ne va guère tarder à suivre ce dernier dans tous ses périples et devenir Marina, son amante.

Quelle ascension pour cette jeune femme qui doit son salut à sa force de caractère, ainsi qu’à l’éducation que lui a donnée son père ! L’autrice espagnole Alicia Jaraba s’est emparée de fort belle manière de l’histoire de la Malinche et livre là un récit poignant d’une femme courageuse qui n’a jamais baissé les bras, toujours prête à découvrir autrui dans son environnement, et décidée à s’affirmer dans un monde masculin.

Au fil des 216 pages qui composent un one-shot richement documenté, la scénariste s’emploie à captiver son lectorat, l’entrainant dans une histoire des plus imprévues. Et c’est avec un dessin plutôt réaliste rehaussé par des couleurs chatoyantes qu’Alicia Jaraba emmène le lecteur dans des décors enchanteurs où, hélas, la violence reste omniprésente.

Voilà un titre qui fait bien mentir le dicton comme quoi la parole est d’argent, le silence est d’or,  car pour cette fois la parole a permis à cette jeune Malinalli de s’élever et de sortir de sa misérable condition.

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Bernard Launois
08/04/2022