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Environnement toxique, par Kate Beaton (Casterman)

Environnement toxique

Scénario, dessins et couleurs : Kate Beaton

Casterman

Une fille sur le sable... bitumineux.

La jeune Kate Beaton sort de ses études financées par un prêt étudiant qu’elle va devoir rembourser instamment. Seulement, trouver du travail quand on réside dans un village de l'île de Cap-Breton, sur la côte canadienne, s'avère une pure gageure. Alors, pourquoi ne pas tenter de s’expatrier dans les mines de sables bitumeux qui, parait-il, lui permettraient de se remettre à flot dans les meilleurs délais ?

Passées les réticences familiales à la laisser partir dans un milieu hostile, Kate décide de faire les 5 000 kms pour rejoindre le camp de travailleurs de Long Lake où elle a été engagée au rythme de douze heures en alternant les jours/nuits. Kate est courageuse et les horaires ne lui font pas peur, l’environnement polluant la tracasse mais elle surmonte ses appréhensions. Ce qu’elle craignait avant son arrivée, c’était de se retrouver dans un milieu confiné peuplé presque exclusivement d’hommes et elle n’a pas été déçue : sobriquets, blagues grivoises, compliments intéressés voire tentatives de flirt plus ou moins insistantes s’enchainent. Et le comble de tout, c’est la résignation des quelques femmes qui travaillent dans ce milieu et qui ont fini par baisser les bras. A 21 ans, Kate n’a pas l’intention de se laisser faire mais seulement, comment briser le silence ?

L’autrice Kate Beaton décrit avec justesse l’ambiance particulière d’un milieu de confinement où les seules distractions, après un travail difficile dans des conditions sanitaires plutôt limite, sont les beuveries des jours de repos avec les opportunités de finir les soirées dans les draps d’une employée du groupe ou d’une autochtone. Malgré tout, l’autrice traite le sujet avec beaucoup d’empathie pour ces hommes loin de chez eux et qui, pour beaucoup d’entre eux, n’ont pas eu d’autre solution que d’accepter ce travail.

Avec un dessin plutôt réaliste, Kate Beaton se met en scène au milieu de ses collègues et au travers des 400 pages d’un roman graphique où le lecteur n’aura de cesse de découvrir tous les tourments des deux années passées dans un environnement bientôt plus toxique psychologiquement que physiquement.

 

 
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Bernard Launois

 

 
08/04/2023