
Le pays des cerisiers
Scénario, dessins et couleurs : Fumiyo Kouno
Kana
Le poids d’une tragédie qui pèse encore trente ans plus tard
Trois histoires pour un album ayant pour thème l’après de la ville d’Hiroshima bombardée en 1945, voilà ce que nous propose l’autrice Fumiyo Kouno.
Tout d’abord La ville du Yûnagi… dix ans après l’anéantissement de la ville et de ses habitants, l’explosion ayant fait entre 68 000 et 140 000 morts sans compter les rescapés en sale état, la jeune Minami Hirano ne cesse de songer aux horreurs que la bombe a engendrées. Puis suit Le pays des cerisiers en deux parties dont le récit se déroule trente ans plus tard et qui a pour personnage principal, Nanami, la nièce de Minami.
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D’un côté Minami se pose trop de questions à commencer par les raisons pour lesquelles elle a été épargnée alors que bon nombre de ses proches n’ont pas survécu ou trainent encore des séquelles de l’explosion, tandis que Nanami finit par prendre conscience que tant d’années après le largage de la bombe, l’impact de cette catastrophe pèse également sur elle, ne serait-ce que dans la perte de ses aïeux.
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Avec ce scénario en trois parties qui peut au demeurant être perturbant compte tenu qu’il faut attendre la fin de l’album pour en comprendre toutes les subtilités, l’autrice Fumiyo Kouno livre là un tableau des plus touchants, empreint de nostalgie d’avant la bombe A et où le misérabilisme n’a pas sa place. Les scènes montrent la vie ordinaire d’une jeune Japonaise et de ses proches avec pour fond le retour douloureux sur le désastre omniprésent tout au long du récit. Le dessin à la plume, minutieux, tout en douceur et finesse, tranche particulièrement avec la dureté du sujet mais fait de l’album un petit bijou.
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Rééditer cet album vingt ans après sa première publication au Japon s’avère une excellente initiative : d’abord pour le devoir de mémoire d’une période que personne ne voudrait revoir, mais aussi parce que cette nouvelle édition a été enrichie de plus d’une vingtaine de pages complétant la première édition.
Revenir sur cette période d’après la bombe à l’heure de la reconstruction de la ville comme de ses habitants offre un remarquable focus sur ceux qui ont survécu souvent avec des séquelles qu’ils traineront toute leur vie, sans parler de ceux qui décéderont précocement notamment suite aux radiations.
A (re)lire avec plaisir…Pour ne pas oublier.
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