Les derniers jours de Robert Johnson
Scénario, dessins et couleurs : Frantz Duchazeau
Sarbacane
L’art de l’autodestruction
Bien que décédé prématurément à l’âge de 27 ans, l’artiste musicien interprète et compositeur de talent Robert Johnson aura marqué le blues, et de manière générale il continue à influencer plusieurs générations de musiciens tels que les Rolling Stones, Led Zeppelin, Éric Clapton...
Cette reconnaissance se retrouve également dans la bande dessinée avec les albums de Jean Sé et de Jean-Michel Dupont et Mezzo qui sont notamment revenus sur la légende que traine ce musicien de génie, qui aurait vendu son âme au diable en échange d’être un grand virtuose de la guitare.
Frantz Duchazeau qui nous avait déjà gratifié du bel album Lomax consacré aux pionniers de l’enregistrement de folk songs, s’attache à narrer les derniers jours de Robert Johnson partagé entre sa quête d’une reconnaissance de son talent et sa capacité à s’autodétruire, anéanti par une jeunesse de souffrance qu’il traine comme un boulet.
Nous sommes dans les années 30, sur les routes poussiéreuses du Mississipi à suivre un jeune homme, flanqué de sa guitare acoustique et son inséparable bouteille de bourbon, qui passe de ville en ville pour chanter sa peine de vivre.
Le blues, il l’a dans la peau et il veut exprimer par sa musique à qui veut l’entendre le reflet de sa jeune vie de souffrance entre un père qui l’a abandonné à sa naissance et les coups assénés par son beau-père.
Seulement l’alcool le tue à petit feu et alors qu’il commence à prendre de la notoriété, il sent bien que ses forces l’abandonnent et que sa course contre la mort est engagée. Arrivera-t-il à rejoindre la non moins célèbre scène du Carnegie Hall de New York où tout musicien de l’époque rêve de jouer ?
Au récit fort bien construit s’ajoute le talent de Frantz Duchazeau qui fait partie des dessinateurs qui transcendent le noir et blanc avec des encrages profonds qui ici renforcent l’ambiance d’une Amérique raciste où il ne fait pas bon être de couleur.