La route
Scénario : D'après l'oeuvre de Cormac Mc Carthy
Dessins et couleurs : Manu Larcenet
Dargaud
Un chef-d’œuvre incontournable de la noirceur pour une remarquable adaptation
L’apocalypse s’est déversée sur cette bonne vieille Terre qui ne ressemble alors plus qu’à un amas de cendres et où la mort se retrouve à chaque coin de rue. Au début du récit, on ne sait encore ce qu’il reste comme survivants sinon, a minima, un père et son fils qui décident de fuir l’endroit où ils vivent pour le Sud, avec peut-être l’espoir d’y trouver une terre nimbée de clarté. Il faut dire qu’il n’existe plus que des dégradés de gris. Et, c’est flanqué d’un caddie rassemblant ce qu’il leur reste qu’ils entreprennent de prendre la route vers le Sud.
Dès les premiers kilomètres, les ennuis commencent et ce dont le père est intimement convaincu, c’est qu’ils ne vont aller que de Charybde en Scylla. Le froid, la faim, la fatigue sont le lot quotidien des deux pauvres hères qui tentent de survivre dans ce cloaque où finalement, ils finissent par tomber sur des myriades de sauvages prêts à en découdre pour assouvir leur faim quitte à dévorer leur prochain.
« Aller droit dans le mur », voilà peut-être la phrase qui pourrait le mieux qualifier l’œuvre de Cormac Mc Carthy, et d’autant plus quand l’auteur Manu Larcenet met en images cette histoire post-apocalyptique.
Depuis Blast, son mythique quadriptyque et l’adaptation de Le rapport de Brodeck, Manu Larcenet apparait au sommet de son art mais c’était sans compter sur La Route remarquablement adapté qui, tout en respectant le texte de Cormac Mc Carthy, apporte un supplément d’âme notamment dans les silences si pesants qui en disent long sur l’état de souffrance des deux personnages.
Grâce à un dessin hyperréaliste, le lecteur se retrouve rapidement immergé dans l’atmosphère irrespirable qui transpire dans chaque case allant jusqu’à le mettre mal à l’aise. L’auteur Manu Larcenet réussit à retranscrire le moindre souffle, la moindre émotion avec son trait ciselé, tel un scalpel qui tranche dans le vif des émotions.
Quelle claque en lisant cet album qui devrait assurément faire date dans le monde du 9e art !