Le Démon de Mamie ou la sénescence enchantée

Scénario, dessins et couleurs : Florence Cestac

Dargaud

Vive la vieillesse !

Délicieuse, touchante et marrante Florence Cestac ! Après Le Démon de midi (brillamment porté sur les planches par la talentueuse Michèle Bernier), Le Démon d’après-midi et Le Démon du soir, la boucle se boucle avec ce Démon de Mamie qui vient conclure la tétralogie cestacienne – ça s’écrit çà ?

Noémie attaque avec entrain et dérision la dernière ligne droite et, comme de coutume, elle nous dit tout : les copines ridicules aux chien-chiens non moins grotesques, les enfants qui n’arrivent pas à devenir adultes et qu’il faut encore aider et soutenir, les petits-enfants débordant d’affection, d’énergie et de ce petit je-sais-pas-quoi qui les rend adorablement insupportables !

C’est inéluctable, et il fallait s’en douter : Noémie vieillit, mais ce n’est pas une raison pour oublier les petits plaisirs de la vie, qu’ils soient familiaux, amicaux ou même amoureux. Car oui ! la sexualité d’une femme ne s’arrête pas à la ménopause. De son trait qu’elle qualifie elle-même de « patatoïde », l’autruche – c’est elle qui le dit facilement en interview ! – nous dit tout de ce qu’elle surnomme « la sénescence enchantée ». Ou comment bien vieillir tout en gardant le moral, car on le sait, la fin est connue…

Nous ne résistons pas à citer ici un extrait de la sympathique préface qu’Albert Algoud a offert à son amie Florence : « Quitte à choquer les Wagnériens, au Crépuscule des dieux, je préfère, de loin, ce formidable crépuscule des vieux qu’est Le Démon de Mamie. C’est qu’à la différence de Richard Wagner, garçon plutôt sombre, Florence Cestac possède au superlatif le sens du burlesque, tout en réussissant à marier le réalisme à la caricature et l’ironie la plus vive à la bienveillance amusée. » Bref, vous l’aurez compris, nous ne pouvons que chaudement recommander l’un des albums les plus drôles de ce début d’année !