
Armen
Scénario, dessins et couleurs : Briac
Le Télégramme
Un premier album fort réussi
Nul doute que vous connaissiez, au moins de réputation, le phare d’Ar-Men, érigé sur un rocher du terrible raz de Sein, l’un des « enfers » des côtes de Bretagne, tant la vie y est rude et difficile. Ar-Men, le phare mythique, transcendé par les écrits du plus prestigieux de ses anciens gardiens, Jean-Pierre Abraham, et poétiquement évoqué par le délicieux Trois éclats blancs d’un autre Breton de talent, Bruno Le Floc’h.
Pour son tout premier album de bande dessinée, le dessinateur morlaisien Briac nous conte la tranche de vie d’un gardien de phare en 1943, durant l’occupation allemande de la dernière guerre. Contraint de vivre avec - et donc de supporter - le lieutenant Kloetz, officier du Troisième Reich, et ses imbéciles de subalternes, Paul-Marie Fanchec va assister, dans un grand fracas d’écume et de vent, à la bérézina de l’armée teutonne…
Développé autour des rapports ténus et tendus entre l’officier germanique et le gardien de phare breton, le récit, tout en tensions psychologiques, narre la rencontre de deux êtres qui n’auraient jamais dû se connaître…
Ce huis clos fort réussi nous fait découvrir le trait fort expressif de Briac qui possède ce petit quelque chose qui nous fait penser qu’il devrait nous étonner dans les prochaines années. C’est beau, c’est maîtrisé, c’est réussi !
Seul bémol : les lettrages ont malheureusement parfois tendance à devenir brouillons. Mais c’est bien là le seul défaut que nous puissions trouver à cet album fort séduisant.