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Nuit de fureur : d'après l’œuvre de Jim Thompson, par Matz, Miles Hyman, collection Rivages/Casterman/Noir (Casterman - Payot & Rivages)

Nuit de fureur

d'après l’œuvre de Jim Thompson

Scénario : Matz
Dessins et couleurs : Miles Hyman

Casterman - Payot & Rivages, collection Rivages/Casterman/Noir

Destin inéluctable

Carl Bigelow, dit Little Bigger, tueur à gages aux talents reconnus, est envoyé par le Patron dans une petite ville de l’Amérique profonde pour régler un problème : un voyou repenti s’apprête à témoigner dans un procès et à balancer tous ses anciens complices. Beaucoup de corrompus, juges, flics, avocats, etc., sont donc gênés aux entournures. Quoi qu’il en soit, Little Bigger - ainsi surnommé à cause de sa petite taille et de son efficacité - est là.

Le tueur s’invente une vie sur place. Il s’installe dans la douceur de cette petite ville, devient étudiant et loge dans une pension de famille dont le maître de maison n’est autre que sa cible. La pension de famille recèle d’ailleurs des charmes… hum… passionnants. Carl Bigelow prend donc son temps, du bon temps - l’épouse de sa cible et l’une des locataires de la maison se laissent séduire bien volontiers - pour endormir toute vigilance. Mais Carl Bigelow se doute déjà que quelque chose dérape, a dérapé : le sbire du Patron n’est pas venu lui rendre visite de son propre chef. Le doute est là, l’inquiétude grandit, insidieusement, tel un monstre vorace qui attend, tapis dans l’ombre, la chute inéluctable.

Dès les premières pages, le texte en voix off crée une atmosphère des plus étranges, qui prend le lecteur dans un étau. Petit à petit, l’on se prend presque d’affection pour le tueur, d’un commerce plutôt agréable, même si l’on connaît la nature de son travail. Et tout se met en place, avec précision, chaque personnage se cache pour mieux révéler sa vraie nature. En sus de très belles belles planches et de couleurs lumineuses, Miles Hyman dessine des yeux magnifiques, à vous convaincre de devenir Little Bigger à la place de Little Bigger. C’est sombre, très sombre, et rien ne vient donner de l’air au lecteur. Quant à la fin, elle est sordide à souhait.

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Mickael du Gouret
24/06/2008