La Méthode Bernadette
Images des sœurs Bernadette
Montage des images et texte par Laurent Bruel
Matière, collection Imagème
Quand l’image tient lieu de langage
L’image seule peut-elle tenir lieu de langage en elle-même, de véhicule de la pensée ? Pour le curé Bogard et les sœurs Bernadette, à Thaon-les-Vosges, c’est une réalité qui s’est imposée pour faire face à « l’horreur » de la pensée matérialiste. Utiliser les mêmes armes, les mêmes moyens, pour frapper les consciences et les (r)amener dans la seule vraie voie (x ?), celle de Dieu. Autant le dire dès à présent, je ne partage pas leur opinion, mais le sujet interpelle, comme il a interpellé l’un des animateurs des éditions Matière, lors d’une visite au musée Nicéphore-Niepce à Chalon-sur-Saône.
Voilà les éditions Matière – parce que matérialistes – en quête de l’origine de ces images religieuses. Le curé Bogard et les sœurs Bernadette, pendant plus de trente ans, vont œuvrer contre le Malin et pour la religion, avec une économie de paroles, une sobriété étonnante dans le dessin. N’usant que du noir et blanc, quelques propos, quelques réflexions parsemées deci delà. Impressionnant. « Ça commence comme ça. Bogard décide le sujet et la composition de chaque image. Sœur Marie de Jésus dessine, dans la manière sage et académique qui convient à l’ouvrage. » L’image, au début, est un peu maladroite, surchargée, jusqu’au jour où le curé tombe sur des images simples, dépouillées, des ombres.
Les éditions Matière ressuscitent – le mot convient parfaitement – un parcours créatif étonnant. Il a failli disparaître à plusieurs reprises, victime de Vatican II dans les années 1960, puis encore plus récemment, quand la communauté des Bernadette était sur le point de s’éteindre avec les dernières sœurs. Qui ne voulaient pas risquer de laisser leur héritage entre n’importe quelles mains, notamment celles, dixit l’éditeur, de l’Église romaine, qui les avait « contraintes » à l’oubli. Les voici entre les nôtres – et les vôtres. À méditer.