
Carnets d'Orient
Tome 10 : Terre fatale
Scénario, dessins et couleurs : Jacques Ferrandez
Casterman
La fin d’une époque...
Voilà 22 ans que Jacques Ferrandez explore et dénoue, avec la précision et la rigueur objective d’un historien et d’un journaliste, l’histoire de l’Algérie française de 1830 à 1962. Plongée toute en nuances dans les splendeurs et misères de l’occupation d’un territoire attachant. La fin du deuxième cycle des Carnets d’Orient, commencé en 2002, se termine avec le T10 et le retour des pieds noirs dans la métropole.
Mars 1960. Octave, jeune officier français, a perdu Samia, belle étudiante algérienne et la mère de leur enfant. En contrepartie d’une nouvelle mission, le colonel Lebreton lui donne l’occasion de la retrouver dans son refuge de Djebel Amour en pleine zone interdite. Là, il la convainc de s’installer à Paris chez Marianne et Sauveur, et organise une rencontre secrète entre les chefs rebelles et le Général de Gaulle en personne.
Mais rien n’y fait. La paix n’est pas gagnée. S’opposent notamment les forces les plus radicales pour l’indépendance, l’Armée putschiste, puis l’Organisation Armée Secrète attachée à l’Algérie française et l’État français désireux de sortir de ce conflit sans revivre le calvaire de l’Indochine. Deux ans troublés jusqu’à la proclamation de l’indépendance, le 4 juillet 1962.
Si l’histoire n’était pas aussi douloureuse de part et d’autre, on aimerait que ce récit se poursuive. L’auteur ne tombe pas dans le piège de la subjectivité. Il raconte simplement la vie de ses protagonistes au cœur des pages sombres de notre Histoire. Ferrandez parvient à donner la parole à toutes les tendances avec un réalisme bluffant. Son dessin finement encré, incrémenté de documents d’époque et mis en lumière par une aquarelle toute en finesse, finit par nous combler. Certes, le sujet est dur et violent, mais traité de façon abordable et fort nuancée. La préface de l’écrivaine algérienne Maïssa Bey vient le rappeler avec justesse.
Une œuvre d’une grande maturité.