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Mon voisin le Père Noël, par Philippe Bonifay, Béatrice Tillier, collection Un Monde (Casterman)

Mon voisin le Père Noël

Scénario : Philippe Bonifay
Dessins : Béatrice Tillier

Casterman, collection Un Monde

Il y a deux types de conte, ceux pour faire rêver les enfants et ceux pour faire gamberger les plus grands. Mon voisin le père Noël commence comme un conte de Noël à la Dickens pour devenir au fil des pages un conte philosophique résolument teinté d’une amère réalité en guise de l’ultime moralité. Philipe Bonifay nous offre là un scénario de premier ordre, parfaitement mis en images par Béatrice Tillier, la créatrice des personnages fabuleux mains néanmoins torturés Fées et tendres automates, parus chez Vents d’Ouest.

C’est l’histoire de Georges, qui découvre un soir de décembre que son vieux voisin Monsieur Claus n’est autre que le père Noël, en attente de trouver son successeur. Et oui, le père Noël serait comme tout le monde le sait, une création humaine, mais plus précisément celle d’une association qui veut ainsi permettre à quelques hommes torturés par les ombres de leur passé, de vivre une deuxième vie de repentance en faisant le bonheur des enfants. Panoplie, plan média, équipe de lutins (des nains en CDD), rumeurs, photos volées, etc., sont orchestrés au service de la légende et de la mythologie de Santa Claus. Georges écoute l’histoire de ce voisin, ancien membre de la résistance, qui à force de tortures, avait finalement donné les noms des membres de son réseau et assisté à leur exécution. Georges est lui aussi hanté par le souvenir d’une vie qu’il a détruite… Serait-il vraiment l’élu ? Le prochain à endosser le lourd manteau de laine rouge et blanc ? Et s’il était enfin prêt à payer pour sa faute ?

Et si nous lecteurs, nous nous laissions convaincre par cette version de l’histoire du père Noël, tellement actuelle et cohérente dans notre société du spectacle ? En tout cas, Bonifay et Tillier jouent un coup de maître en nous faisant croire de nouveau au père Noël en moins de cinquante pages. Une fable douce-amère à ne pas manquer !

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Cécile Peltier
12/12/2005