Hosni

Scénario, dessins et couleurs : Maximilien Le Roy

La Boîte à bulles, collection Contre Cœur

Triste parcours...

2009, dans la banlieue de Lyon. Un homme raconte son histoire, c’est Hosni. Fils d’émigrés tunisiens, adolescent des cités, Hosni était bien décidé à mener une existence sans histoire… Mais lorsque son père, licencié et découragé, rentre au pays, Hosni se retrouve totalement démuni. Il connait alors la rue, la manche, le squat, les petits boulots. Et même la prison. Dans cet album, il raconte ses errances, mais aussi son retour à une vie plus stable.

Hosni est une histoire simple, contée au rythme calme d’un homme fumant une cigarette dans son canapé. Maximilien Le Roy y fait parler Hosni, comme il rendrait la parole à un homme qui fut un temps inaudible. Ce que nous raconte alors Hosni, c’est la déchéance de l’errance : « Marcher sans but peut rendre un homme fou, j’ai fini par parler seul. » Il raconte aussi combien « tout devenait un problème : boire un café, aller aux toilettes, se laver les dents, se doucher, se raser. Tout ce qui dans ma vie antérieure me semblait un détail si insignifiant que j’avais jamais pris la peine d’y penser, m’apparaissait alors une épreuve. » Il reste les questions sur Dieu, les visites du musée de la Résistance, la musique et quelques menus plaisirs. L’alcool aussi, camarade fidèle dont on a honte.

Le dessin se fait en brun, en noir et en blanc pour la galère. En couleur pour aujourd’hui, pour son « chez lui ». Maximilien Le Roy donne l’occasion de comparer cet homme serein, propre, reposé et l’autre, amoché, affamé et fatigué. C’est bien le même. Le crayon gras s’est baladé sur un papier à gros grain qui donne de l’âpreté au tracé. La couleur amène un peu de douceur et de calme.

Maximilien Le Roy réussit un album cohérent et simple, un récit qui n’enseigne rien mais rafraîchit salutairement la mémoire.