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Ghetto Poursuite, par Rim’K et Régis Hautière, Walter J. Taborda (Dargaud)

Ghetto Poursuite

Scénario : Rim’K et Régis Hautière
Dessins : Walter J. Taborda
Couleurs : Studio 2HB

Dargaud

La première BD d’un rappeur français

Grande année 2010 pour Régis Hautière qui publie trois albums en quelques semaines avec Le Marin, l’actrice et la Croisière jaune avec Arnaud Poitevin chez Quadrants, Vents contraires avec Ullcer chez Delcourt et donc cet album petit format chez Dargaud. Après les trilogies le Temps des Cités de Frédéric Ploquin, Pierre Boisserie et Luc Brahy dont le T.3 sort à l’automne chez 12 bis et Sans Pitié de Thomas Olivier, Bruno Pradelle et Pascal Genot dont une intégrale est parue l’an passé chez Emmanuel Proust, cet album Ghetto Poursuite s’intéresse également à la vie de jeunes dans ce qu’on appelle pudiquement les quartiers sensibles. Mais ici le récit prend une tournure plus politique…

Ils sont quatre jeunes des cités : Mam’s black fétichiste des baskets, Chris blondinet fou de foot, Thierry acharné des jeux vidéos et Yanis le débrouillard de la bande. Le frère de ce dernier, Rachid, lui demande de récupérer la Golf qu’il a convenu d’acheter à un type de la mairie. Celui-ci vient de graver un CD compromettant maquillé comme CD du groupe de rap 113. Et il l’oublie dans la voiture. Alors quand Yanis et ses copains prennent la voiture pour conduire la copine Stéphanie à la gare, la ballade sans histoire va se transformer en un course poursuite à travers la banlieue…

Ce récit plein de rebondissements a été imaginé par Régis Hautière et le rappeur Abdelkarim Brahmi-Benalla, plus connu sous le pseudonyme Rim’K. Celui-ci a justement créé le groupe 113 et vient de donner un concert au Zénith à Paris. L’album y fait plusieurs clins d’œil. Cette association en fait un album engagé qui pourrait défendre une thèse sur l’explication de l’embrasement des banlieues il y a quelques années en pleine campagne électorale. Elle assure aussi une écriture particulièrement fluide et des dialogues totalement crédibles. L’Argentin Walter J. Taburda donne vie à ce thriller à vive allure avec un style proche du comics très expressif et une forte densité de noir. Le Studio 2HB a judicieusement choisi une palette de couleurs sobre et utilisé une technique en aplats.

L’ensemble est très réussi et particulièrement prenant.

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Manuel F. Picaud
19/04/2010