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Le Service - Tome 1 : Premières Armes (Les années 60), par Jean-Blaise Djian et Olivier Legrand, Alain Paillou (Emmanuel Proust)

Le Service

Tome 1 : Premières Armes (Les années 60)

Scénario : Jean-Blaise Djian et Olivier Legrand
Dessins : Alain Paillou

Emmanuel Proust

Les sordides dessous de la République

Après avoir exploré la seconde guerre mondiale et notamment la montée du nazisme avec l’intelligente trilogie Julia von Kleist parue chez Emmanuel Proust, le scénariste normand Jean-Blaise Djian s'intéresse cette fois à l'histoire contemporaine de notre Ve République à partir des événements d'Algérie jusqu'à nos jours. Ce thème avait été abordé récemment par Fred Duval et Jean-Pierre Pécau chez Delcourt dans la série uchronique Jour J et son T.6 intitulé l'imagination au pouvoir ?. Jean-Pierre Pécau et Fred Duval avaient imaginé d'autres conséquences aux événements de mai 1968. Dans une veine de BD d’action, Benec et Thomas Legrain ont construit au Lombard dans la collection Troisième Vague la série Sisco dans les méandres de ces obscurs services de sécurité de la présidence de la République. Dans cette nouvelle fiction très documentée chez Emmanuel Proust, Le Service, Jean Blaise Djian propose d'explorer, à mots couverts l'histoire trouble et embarrassante du Service d’action Civique. Le S.A.C. est en fait un groupuscule intimement lié au parti gaulliste. Toute ressemblance avec des faits et personnages historiques comme Charles Pasqua ne serait donc pas fortuite…


Le narrateur est un journaliste d’investigation
. Il traque un tueur professionnel, Paul Galland, un homme froid sans états d’âme. Démobilisé après la Guerre d’Algérie, il a été recruté par son supérieur, le Lieutenant François Charrière. Il lui propose de poursuivre une carrière très spéciale au Service, « un escadron de la mort à la française », la police secrète de la Ve République. Pendant plus de 30 ans, de mai 1968 à la fin du XXe siècle, il va participer à toutes les sombres affaires, opérations clandestines ou manipulations politiques pour sauvegarder les intérêts du parti gaulliste au pouvoir. Premiers exemples des procédés et comportements ignobles qui font honte à un pays volontairement donneur de leçons.

Le premier épisode, qui se lit comme une histoire complète, couvre donc la période des années 60 et montre comment le tueur professionnel réalise ses premières armes en Algérie contre les insurgés, puis pendant les événements de 1968 contre Pierre Mirey, un leader syndicaliste ou Luc Verrier, un meneur de la contestation étudiante. Cette série d’action, souvent violente, construite comme la série télé Les Beaux Mecs en 4 décades est écrite par les scénaristes des Quatre de Baker Street paru chez Vents d’ouest qui égrainent ce thriller en trois actes de faits et de personnages très réels (même si les noms changent parfois). Une adaptation au petit écran n’est d’ailleurs pas exclue. Les deux auteurs bien inspirés retrouvent le dessinateur Alain Paillou avec qui il avaient signé chez le même éditeur Parabellum, un polar dans les années 30 sur la Cagoule. Son graphisme à la fois sobre et classique souffre parfois de raideur, mais accompagne bien ce récit palpitant et révoltant.


Trois autres épisodes
devront faire le tour d’une sombre page de l’Histoire de France.
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Manuel F. Picaud


Du même scénariste :

Tard dans la nuitJulia von Kleist - T2Les Yeux d'Édith - T1Le Grand Mort - T2
19/10/2011