Sillage
Tome 9 : Infiltrations
Scénario : Jean-David Morvan
Dessins et couleurs : Philippe Buchet
Delcourt, collection Néopolis
La catastrophe vient à qui sait la déclencher
Nävis fait partie de ces personnages de BD que de nombreux lecteurs ont pris plaisir à retrouver, pour son côté tantôt boudeur tantôt enjoué, une vraie peste qui ne se laisse pas faire mais qui a bon cœur. Jean-David Morvan et Philippe Buchet proposent la neuvième aventure de l’héroïne humaine dans le long cortège de Sillage. Nävis a grandi, elle est à présent un agent au service des dirigeants, mais est-elle devenue adulte pour autant ?
En l’occurrence, la Constituante lui confie la mission d’infiltrer un groupe de truands/activités dirigée par une terroriste, que Sillage appelle « alter-universaliste ». Mais, démasquée de longue date, elle devient un jouet entre les mains de cette dernière, qui la manipule pour mener à bien une action à contre-emploi. Résultat : « l’accident le plus grave qu’ait connu Sillage depuis la grande panne des téléportails. Des dizaines de vaisseaux se sont percutés autour du navire amiral de la Constituante. […] Une enquête est en cours, mais tout porte à croire que la responsable du cataclysme s’appellerait Nävis […] On ignore encore si elle a volontairement aidé une [terroriste] à réaliser cette triste opération ou si elle a été stupidement manipulée. »
Hors le côté héroïc-fantasy, dont certains sont fans et que d’autres n’apprécient guère, il s’agit d’un bon polar avec des rebondissements, des faux semblants, des chausse-trapes comme on les aime, et des personnages qui ont sacrément retourné leur veste par rapport à de précédentes péripéties. Le propos est émaillé de réflexions sur le sens de la vie, de l’engagement, de l’apprentissage, avec des échos sur notre monde réel – comme cette alter-universaliste – et Nävis en sort un poil plus adulte. Pour le coup, même, elle grandit vraiment. L’histoire ne s’enraye pas trop, l’album se lit agréablement et les auteurs aiguisent fort bien l’appétit sur le suivant.
